La thèse d'Owen Clus a mit sur la sellette le problème de l'eau et son accès au plus grand nombre. Cela au au travers de la mise en avant des différents modes d'exploitations de cette ressource, et des choix qui ont été fait par les différents acteurs à ce sujet (augmenter les aménagements hydrauliques, repenser les usages). Mais la question de l'eau n'est pas uniquement technique et géographique au sens physique du terme, mais tout autant géopolitique, et de plus en plus économique1 recoupant à la fois des « problématiques sociales, sanitaires, économiques, politiques » Sylvie Brunel, page 144. En fait l'eau est un élément structurant de la vie de tout les jours, comme celle de l'avenir, c'est pourquoi j'ai voulu intégrer l'analyse de l'eau dans un cas particulier à l'échelle d'un continent, celle faite par Sylvie Brunel pour le cas africain. C'est le paradoxe reflétant les disparités d'un vaste continent, avec trop d'eau et pas assez.
Celle-ci résume la question en trois paramètres essentiels développés en plusieurs problématiques différentes:
- Sa disponibilité: varie en fonction des conditions climatiques, variables en fonction de la position latitudinaire par rapport à l'équateur. Divisée en cinq principales zones, du climat méditerranéen en passant par le saharien au climat guinéen. Sylvie nous rappelle que l'excès d'eau douce pose plus de problème en Afrique, que son manque..
- Son accessibilité: dépend de différents facteurs, dont l'équipement. Ainsi l'eau manque cruellement aux ruraux et aux urbain par manque de structures adéquates comme des réseaux d'irrigations par exemple.
- Sa qualité: Peu d'équipement, donc une eau de qualité médiocre. L'eau prise dans les mares ou étang divers entraines des maladies comme le choléra, et attire des parasites comme les moustiques, vecteurs de maladies graves comme la trypanosomiase, ou la dengue.
On a ainsi un continent avec de fort potentiels hydriques, mais peu exploité, rendant le continent très vulnérable au risque hydrique. Plusieurs facteurs viennent préciser cette vulnérabilité:
Une répartition hydrique extrêmement inégalitaire. Avec trois niveau de répartition, celle de la pénurie potentielle, dépendant en grande partie de l'eau de surface, mais disponible de façon limité de par un climat trop irrégulier. Elle peut présenter des risques de sècheresse. Exemple, le Maroc, ou le rapport prélèvement ressource dépasse 50%... L'avenir dépendra en grande partie de la croissance démographique à venir.
Une Afrique en manque d'eau: c'est la zone s'étendant du sahara à la zone soudano-sahélienne. C'est une zone aride avec cependant une faible densité de population, dont les usages sont réduits, ce qui limite les risques de catastrophe. La solution serait, (« selon Sylvie ») d'exploiter les ressources fossiles anciennes de 20000 ans.
Une Afrique en excès d'eau: elle correspond à l'Afrique centrale qui est marquée par l'abondance d'eau. Les risques sont inversés...
Et plusieurs facteurs viennent expliquer les raisons de cette vulnérabilité.
Physiques: chaque bassin a son propre système hydrologique (Sénégal, Nil, Niger, Congo, Zambèze) avec de faibles pentes douces avec un tracé spécifique devant franchir de nombreux rapides et gorges et dérivent en de nombreux détours avant d'atteindre des embouchures, marqué par un fort endoréisme (s'écoule vert l'intérieur), d'ou l'importance des grands lacs en Afrique centrale. La géographie des États marque aussi le caractère allogène des fleuves, comme le Nil pour l'Égypte par l'exemple. Et ainsi dans les zones désertiques ou semi désertiques comme l' Afrique sahélienne, on est d'autant plus vulnérable à la baisse tendancielle des précipitations. Celle-ci est du à la sècheresse autant qu'aux prélèvement fait par les hommes, et la construction de barrages comme au Tchad et au Nigeria par exemple...
Historiques: Les faibles densités de populations n'ont pas favorisés le recours à de complexes techniques d'irrigations, la culture itinérante sur brûlis, et l'élevage nomade suffit . D'ou l'absence de civilisation de l'eau et le faible pourcentage de terres irriguées avec moins de 10% . Terre surtout situées en Afrique du nord et au Sahel. L'utilisation de l'eau est plus à destination hydroélectrique et fluviale, qu'agricole ce qui est un des principaux facteurs de l'insécurité alimentaire. Se développant uniquement à proximité et à l'intérieur des villes..
Economiques: Liés au sous-développement de l'Afrique, l'insécurité sanitaire en Afrique est surtout liée à l'eau, avec la prolifération des maladies liées à l'insalubrité des eaux comme l'onchocerose dans l'Ouest Africain, la trypanosomiase dans les régions tropicales. L'eau insalubre attire des infections parasitaires nombreuses comme la dengue et les maladies diarrhéique touche plus de 100 millions d'africains et le paludisme transmit par l'anophèle est la première cause de mortalité en Afrique. Cette insalubrité est surtout du à la faiblesse d'encadrement sanitaire avec 1 médecin pour 24000 habitants, et un encadrement sanitaire trop insuffisant.
Démographiques: Une forte croissance de la population et une population de plus en plus urbaine explique les problématiques actuelles de l'eau. Les paysans autrefois prudent et prévoyant ne peu plus faire face à l'accroissement démographique, au jeu de prix fluctuant sans aucune aide de l'État, qui au contraire de ce qu'il devrait faire, se sert des la misère pour attirer les aides humanitaires. La concentration des populations a aggravé l'antagonisme pasteurs nomades-cultivateurs au sahel durant les années 70, provoquant la mort d'une centaine de millier de personnes... On retrouve la même problématique dans la corne d'Afrique. Avec bien évidemment la mise en place de stratégies de la soif par les gouvernements lors de la crise de l'Ogaden par exemple et les ONG (clean up et clear up) comme cela s'est fait au Soudan. Malgré les efforts faits par différents Etats africains pour co-gérer des fleuves comme le Nil, le Sénégal, et le lac Tchad... La problématique de l'eau qui était plus géopolitique, devient plus économique au niveau local, avec l'accroissement de l'urbanisation de l'Afrique qui est de 40% aujoud'hui. Une urbanisation souvent trop rapide, et anarchique. Les plus affectés étant les quartiers populaires, et bidonvilles s'installant en périphérie et dans les zones interstitielles, doté d'aucun réseau d'alimentation d'eau potable, ni de drainage. Ainsi, 85% des urbains selon l'OMS ne sont par reliés à l'eau potable par un système moderne.
Nous en arrivons la questions de son accessibilité pour tous
Ainsi pour se procurer de l'eau, il faut se déplacer, chez un voisin ou se rendre aux bornes fontaines, voir l'acheter. Et paradoxalement, ce sont les pauvres qui paient leur eau, plus cher que les riches. Ce qui est logique, vu que les riches doivent uniquement ouvrir le robinet, tandis que le pauvre doit acheter, transporter et stocker son eau. D'ou une consommation réduite à moins de 10 litres par personnes et par jour..
Pourtant le pamphlet de bonnes intentions ne tari pas: décennie de l'eau en 1980, sommet de Johannesburg en 2002, charte d'Addis Abeba en 1990. Cependant comme le dit Sylvie, il y a beaucoup « de la coupe aux lèvres ». Et en Afrique, la faillite des opérateurs publics, se matérialise logiquement par une privatisation des services des eaux depuis la crise de la dette, ayant recours principalement à des opérateurs français comme Vivendi, Suez ou Bouygues avec un recentrage des installations dans les grandes villes où se trouve la population solvable. C'est à dire ceux qui ont les moyens de se la payer. Seuls les acteurs émergents tels que les ONG tente de trouver des solutions de substitutions, mais ce n'est pas satisfaisant. Le problème de distribution des eaux et avant tout un problème d'inégalités reposant sur la richesse.
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