mardi 8 décembre 2009

De la révolution néolithique à la révolution rurale: le plus grand chambardement social de tout les temps!

Préface
Je souhaite répondre à une remarque faite par un lecteur un plus bas, car il fait allusion à un problème incontournable de par son importance mais aussi parce qu'il nous interpelle. Cette réponse se fera sur la base de la thèse Michel Griffon, agroéconomiste, dans son ouvrage Nourrir la planète, paru en 2006.



http://www.agrobiosciences.org/Michel-Griffon-Double-interview

Il s'agit bien évidemment de nourrir les hommes, alors que la planète a pratiquement 7 milliards d'habitants aujourd'hui, ainsi, les agronomes commencent à s'apercevoir qu'il y a un horizon, que la terre est limité!
Finalement T. Malthus avait raison, mais avec deux bon siècle de retard. Mais voila, le sursis accordé par les positivistes se heurte aux réalités de la terre, et aujourd'hui l'heure est aux choix!




Vers un crash alimentaire 3x5
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Etant donné la situation dans la situation dans laquelle nous nous trouvons, il est fort à parier que ces choix seront quasi manichéens. Le débat est en cours. plus que le sommet de Copenhague, celui de Rio en 92 a permis de mettre en branle la machine institutionnelle au niveau internationale, pourtant avertis depuis le milieu des années 70. Le problème n'est pas seulement écologique, mais aussi économique et surtout social, car la finalité de toute activité est (ou devrait être) l'homme et son bien être en premier lieu. Le respect de l'environnement est un second point inhérent au premier, car qui ne respecte pas l'homme, ne respectera pas l'environnement. L'homme, c'est à dire soit et autrui.

Nous en arrivons à la question d'éthique et de morale! Morale, notion rattachée à la religion, dont les règles après un coup d'oeil en arrière, ne sont pas si bête que cela. Nous en arrivons au débat:


Exposé

Ceci, comme tout mes autres dossiers, n'est pas un travail conventionnel de recherche. D'ailleurs, il n'a été avalisé par aucun spécialiste d'aucune part. Il vise à la fois à être synthétique, explicatif, mais surtout à être polémique.
Le but étant d'agiter la réflexion. Les deux principaux ouvrages qui ont servi de base à cet exposé exposé, sont celui de Gavignaud-Fontaine et Henri Mendras. Toutefois je me suis permis d'y mettre mon petit « grain de sel ».

Tout est dans la définition. Le paysan est héritier d'une civilisation pluri-millénaires trouvant sa source au néolithique. Elle est ainsi une des plus anciennes au monde et à la source même de nombres de paradigmes constitutifs de notre société. A commencé par la sédentarité: L'homme décide ainsi de se fixer à un lieu plutôt qu'à voyager partout dans le monde au gré du temps et des ressources naturelles disponibles, vivant tant de la pêche et que de la cueillette . Il change ainsi de rythme, celui du battement de la terre et du rythme des saisons. On peut faire remonter les débuts de l'agriculture en 8000 Av-jc, c'est à dire à l'origine des premières civilisations, en Asie orientale, en Egypte, en Asie septentrionale, avec la mise en place des premières cités États, organisant la société autour de l'agriculture et de l'élevage. De l'antiquité au moyen âge les progrès en agricultures furent sensibles et progressifs dans le temps, grâce à d'important défrichements, ainsi qu'un net accroissement de la production agricole et de la population entre le XI ème et le XIII ème siècle, mais aussi grâce à des progrès techniques comme l'emploi de la charrue de la herse et de la faux, ainsi que l'adoption du ferrage et du collier d'épaule pour les animaux de trait tout en conservant cependant le système de la jachère. Ce n'est que plus tard sous l'influence des anglomanes physiocrates et autres agronomes, qu'entre le XVIII ème et le XIX ème siècle, on assiste à la disparition de la jachère, ces terres portent désormais des cultures fourragères et ou des prairies artificielles riches en plantes légumineuse. Cette pratique fourragère a permis le développement de l'élevage, donnant à la fois des protéines et une force de travail supplémentaire, ainsi que du fumier entraînant une amélioration des rendements. C'est à partir de là que renversement total de paradigme s'effectue tant en termes historiques, que « sociologique »! Ce n'est rien de le dire, deux chiffres nous le prouve: 1789, 85% de la population française est paysanne, 2009, plus que 2 à 3% d'agriculteurs. Que s'est-il produit entre les deux? Une rupture, celle induite par la Révolution et dont le processus vient d'aboutir aujourd'hui. C'est ce phénomène de va et vient entre populations des villes et des campagnes, que l'historienne G.Gavignaud-Fontaine appelle « la Révolution rurale »1. Comme Alexis de Tocqueville en son temps est partie étudier les Etats-Unis pour comprendre et expliquer le processus révolutionnaire et ses aboutissements sociologiques de façon quasi « prophétique », Gavignaud en a fait de même, et elle en revient avec le concept de Révolution rurale avec trente années d'avance sur ses contemporains. Phénomène aujourd'hui facilement observable par quiconque en France. Ainsi, l'on peut s'interroger sur les fondements de ce renversement de paradigme ainsi que sur ces conséquences. A quelle point la Révolution a t-elle influencée le devenir des paysans français, provoquant cette véritable « mutation sociale » de laquelle nous sommes non seulement les héritiers et les continuateurs? Que sont devenus les paysans? Sur quoi débouche ce processus actuellement?
-Hypothèse N°1: la Révolution n'est que le sommet de l'iceberg, symptôme d'une crise institutionnelle et le résultat d'un long processus de changements.
-Hypothèse N°2: Le changement fut brutal, c'est le résultat d'un saut qualitatif productif induit par la révolution industrielle, ce qui expliquerait « l'accélération de l'histoire ces trente dernières années ».
-Hypothèse N°3: le changement n'est en fait qu'apparent, nous assistons d'ailleurs à une véritable « Renaissance rurale ». Thèse défendue par le géographe Kayser.
C'est au travers de trois parties que nous allons tenter d'avaliser ou non ces différentes hypothèses à travers l'observation des différents changements sociaux concernant la civilisation rurale (et puis urbaine, vers la fin) en leur appliquant les observations faites par G. Gavignaud-Fontaine au travers de son concept de Révolution rurale. Nous allons voir ainsi, dans un premier lieu, au travers de l'idéal type du paysan et de l'exploitant, en quoi deux idéologies antagonistes vont s'affronter. Ensuite, nous verrons de quelle façon le modèle libéral va s'imposer et dans quel contexte. Puis en dernier lieu, le résultat du processus, vers une identité méta-urbaine, ou néo-rurale pour voir les limites d'une telle transformation sociologique.


I- Le paysan et l'exploitant, deux idéal-types antagonistes.

A- Le paysan.

Le paysan est par définition celui qui vie de la produit de la terre qu'il cultive. Il en est donc, en principe, exclusivement dépendant dans la mesure ou il est lié à cette matrice par la nécessité du pain de tout les jours. Toutefois, en tant qu'individu agissant de façon rationnelle, il va entretenir cette relation dans des cadres qui vont lui conférer un maximum de stabilité:
Structure dans le cadre familial, et plus largement communautaire.
Système économique agencé selon la logique de l'autosubsistance: pluriactivité, savoir-faire liés au travail du bois, du métal, de la poterie, maçonnerie, du textile etc. Et polyculture, dans le cadre de la pluriactivité: culture arbustive et maraichère, élevage.
- Echanges du surplus dans les marchés hebdomadaires, ou plus exceptionnellement dans des foires.
Le paysan est compris dans une collectivité locale, incluse dans une société englobante, mais jouit d'une autonomie relative par rapport à celle-ci.
Reproduction. Il ne s'agit pas de produire pour vendre mais pour subvenir à ses besoins. Pour cela, les mêmes gestes sont répétés, et les innovations, la plupart du temps empiriques, acquièrent leur légitimité sur plusieurs génération. Cette reproduction assure en principe la la stabilité et la pérennité (face aux dangers extérieurs) de l'idéal type paysan. D'ou l'importance de la tradition.
Petit à petit le rôle du paysan va se modifier. Les progrès agricoles aidant, de même que la formation progressive des Etats modernes permettent de libérer une partie des bras qui vont s'adonner aux marchandage. Dans ce circuit, les paysans prennent les commandes des intermédiaires qui vont revendre les pièces ouvrés au loin. Ce type de système à fonctionner tout au long de la période antique, jusqu'au milieu de la période moderne, le paysan, classe laborieuse étant d'ailleurs la pièce centrale jouant dans la justification du processus d'encellulement la société au travers du poème d'Adalbéron de Laon dans son poème au roi Robert: « Les oratores, bellatores et les laboratores »2. Avec toutefois en parallèle le développement du modèle bourgeois, qui va petit à petit s'émanciper de l'autorité seigneuriale grâce à l'acquisition progressive des chartes conférant l' autonomie urbaine. C'est dans le cadre des économies-monde que ce développe le commerce, d'abord autour des ports italiens, se construisant sur les ruines de l'empire Byzantin, tel Venise et Gènes, puis le Nord et de la Hans avec le développement de l'économie des Pays-Bas ( Anvers et Amsterdam). L'apparition, puis le développement de la monnaie fiduciaire3, d'ailleurs violemment critiqué par l'Eglise à ces débuts, ce type de trafic considéré comme infamant, mais nécessaire était laissé aux seuls non-chrétien tolérés en occident, les juifs. On voit déjà les fondements de la rupture à ces débuts.
C'est à ce niveau la qu'intervient la première mutation du rôle du paysan qui va s'ouvrir au marché, en devenant producteur, afin de nourrir la population urbaine. Ce qui contribue à une première spécialisation de l'activité agricole et provoque les premier départs en ville au XIX ème siècle. Auparavant les départs étaient uniquement le fait d'une pression démographique excessive par rapport à la disponibilité des terres. En même temps se développe l'économie rurale se diversifie, et se met en place une complémentarité entre négociant, l'artisan et paysan pour faire face à cette ouverture et à la variations des prix. La conjoncture expliquant les départs forcés des paysans au cours de ces derniers siècles.
La pression démographique d'une France pleine de la fin du XVIII ème et la peur de disette va mettre le feu aux poudres, les conséquences seraient terribles comme en témoigne l'article 17 de la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen, ouvrant grand les portes à la propriété individualisme, déstructurant la base même de la paysannerie présentes au travers de la famille et de la communauté.

B- L'exploitant: confirme le rôle de « vache à lait » du paysan.

Passant de la fonction de reproduction à celle de production, le paysan, passe peu à peu du côté du modèle libéral bourgeois. Pourquoi bourgeois? Car la Révolution française fut avant tout bourgeoise,et que celle-ci fut la grande bénéficiaire de la translation des propriétés. C'est la libéralisation et productivité des terres prôné par les physiocrates et les agronomes.
Mais c'est au cours de la seconde moitié du XIX ème siècle que l'économie se libéralise réellement avec le développement des accords de libre échange sous Napoléon III et des infrastructures tel la vicinalité et le chemin de fer (société P.L.M). Les avantages comparatifs peuvent alors jouer au maximum, et la monoculture s'impose en tant que modèle dominant après la dépression agricole de 1870-80.
On peut donc définir l'idéal type de l'exploitant par opposition à celle du paysan:
Il est propriétaire exclusif de sa terre, dans le sens romain du terme (usus et abus)
Monoculture, pour être plus efficace, cela nécessite une spécialisation. Mais celle-ci renforce d'autant plus la dépendance aux fluctuations de prix
Le but est de vivre des revenus de sa terre. L'exploitant et donc un producteur qui vie de l'échange marchand. D'ou la maximisation du rendement à moindre coût par l'utilisation de machines, d'engrais et de traitement phytosanitaires et autre.
La structure familiale joue toutefois, toujours un rôle dans l'exploitation4, mais son rôle se marginalise avec la politique de l'enfant unique (code Napoléon)
Nous en arrivons à l'époque contemporaine. L'évolution inéluctable de l'agriculteur est sa disparition progressive en premier lieu. Conséquence de la logique perfomologique d'une part, et individualiste de l'autre, c'est sa réduction à une portion congrue, la seule qui soit « utile » et compétitive. La reproduction n'étant plus assuré, cet idéal type n'en est pas vraiment un dans la mesure ou la substitution capital-travail rend de plus inutile l'intervention de l'homme. Passant de la machine outils, à la mécanisation, de la mécanisation à l'automatisme, de l'automatisme à l'automation, l'agriculteur-exploitant doit désormais tenir compte des fluctuations du marché boursier dans lequel il va devoir jouer, en temps réel. Un marché concentré entre un nombre de plus en plus réduit de propriétaires (soit 2% de la population active aujourd'hui). Ainsi, le rythme de vie de l'exploitant se rapproche plus de celui d'un citadin que d'un rural.

II- La conséquence du processus: La Révolution rurale.

Cette homogénéisation de la population rurale est la conséquence direct de engloutissement des campagnes par les villes, dont le dernier acte s'est joué au lendemain de la seconde guerre mondiale.

A- Le passage d'une société à une autre: de l'inter-connaissance à la société de masse.

Nous voyons les oppositions structurelles qu'il y a pu avoir entre la société paysanne dite « traditionnelle » par excellence, et la société industrielle. L'une est relativement stable, l'autre change en permanence, c'est d'ailleurs sont fondement (le progrés). L'une est peu nombreuse et repose sur un territoire restreint, l'autre est massive, elle sous tend une diversification, mais surtout une spécialisation poussée des unités sociales dans la société globale. L'ordre et la « caste » est remplacée par la stratification sociale et la mobilité sociale. D'une société ou seul le groupe importe dans un cadre locale, à une société globale ou les groupes et les clivages se complexifient de part la diversité des appartenances économiques et sociales. On passe donc d'une société de l'hérédité, de l'inné, à une société de l'acquis, et du fonctionnel et donc plus impersonnel. D'ou l'importance des opinions modifiables à loisir selon les situations nouvelles se présentant à nous. Mais plus que tout, selon l'interprétation de Weber, il s'agit du processus de sécularisation de nos sociétés, ou l'autorité devient plus rationnelle que traditionnelle.
Les étapes permettant d'expliquer le passage du premier à l'autre est un des grand questionnement du XX ème et du XXI ème concernant le Tiers-Monde dans sa transition dans une économie libérale globalisée. Marx distingue ainsi six étapes principales qui ont conduit à l'industrie capitaliste:
L'apparition de la ville au haut Moyen Age
L'apparition des marchands et le développement des foires et routes marchandes
L'apparition de la manufacture.
Le développement du grand commerce international au XVIII ème siècle.
La Révolution agricole qui augmente la productivité et permet l'exode rural.
La transformation de la manufacture en usine.
L'historien George Duby quant à lui a insisté sur le temps long et met l'accent sur la première révolution agricole qui aurait eu lieu au XII ème siècle. Mais ce qui contribua le plus à cette évolution est le fait que la ville médiévale est avant tout une ville marchande d'ou l'émancipation lointaine de l'élite bourgeoise, qui a pu s'affirmer au travers de l'éthique protestante. Il est évident que cette explication est très parcellaire et ne compte uniquement pour l'occident. Mais ce modèle s'est répandu au travers de l'idéologie libérale.

B- Un processus à la fois sociologique et spatial: l'exode rural.

« L'alignement des sociétés paysannes sur les objectifs capitalistes de l'agriculture se traduit, dans les fermes et les villages, par des abandons en nombre important d'exploitations et de maisons. Le rapport économie/ démographie se modifie en conséquence »5.
Le rôle de l'exode dans le rapport économie/démographie était auparavant, la conséquence d'un surnombre, d'ou le développement de l'industrie rurale. La production capitaliste va modifier ce rapport économie/ démographie et provoquer une rupture prévisible et visible spatialement par les choix de redistribution démographiques effectués par les entrepreneurs délaissant:
Les campagnes inaptes aux transformations agricoles tel les zones montagneuses.
Les campagnes vouées à la Révolution agricole
Espaces acquis auparavant à la Révolution industrielle et aujourd'hui délaissés (bassins miniers de l'Alsace, Lorraine)
Ces terres, tout du moins, celles qui présentent le plus d'avantages spatiaux tel la proximité d'une grande ville ou d'un bassin à potentiel économique quelconque ex: le tourisme et bien relier au reste du territoire, sont réinvestis par de nouvelles populations et aménageurs du territoire (ex: le cas des friches industrielles nécessitant beaucoup d'espace, sont inscrits dans les PLU.
Toutefois, une chose est à préciser, c'est que ce départ ne s'est pas fait dans les pleurs et le désespoir comme partout au monde ce qui est assez exceptionnel, Gavignaud parlant même d'un exode « heureux », fondé sur le pacte Républicain tacite, qui préconise l'ascenseur social, et autres privilèges sociaux tel la retraite anticipée, c'est à dire, en quelque sorte, une situation de rente en échange du changement de paradigme effectué dans l'agriculture française, essentiellement dans le courant des années 60 après la reconstruction.

C- Et la Révolution Rurale

Ce va et vient entre la population des villes et celle des campagnes symptomatique de ces dernières années et dont les mutations sont plus que jamais actuelles car englobante est constituant de la Révolution rurale. Ainsi elle concerne toute l'agriculture dans son adaptation au marché, celle des campagnes, leurs populations, leurs activités, ainsi qu'au niveau économique, social, administratif et politique de 85% du territoire français comme le précise Gavignaud, et je tiens à rajouter, par contrecoup, une majeur partie de la population française est concernée, si on la prend sur le temps de deux ou trois générations6! Celle-ci se serait en fait dépersonnalisé, est comprise dans la société urbaine dominante dans laquelle elle se fond (malgré quelques isolats), de même que leurs terres qui sont aménagées à l'usage des populations urbanisées.
Nous n'assistons donc pas à une hypothétique renaissance rurale, comme l'entend le géographe Kayser, ni même à une désertification de la totalité des espaces ruraux, ce qui n'invalide pas pour autant la thèse de Béteil. Mais bien à une Révolution dans son sens de rupture. Ce terme rupture a une connotation « dure » et ne doit pas être prit avec des pincettes! Assistant à un renversement totale du paradigme de la terre nourricière à laquelle nous étions attachés depuis des millénaires, nous assistons aussi aussi à un grand bond en arrière ou la nomadisme prévalait. Car, séparé des produits de la terres nous vivons par échanges interposés, dont la source de revenu est l'emploi. Au XXI ème siècle, ce terme revêt une réalité globale (nationale, européenne, mondiale).

III- Des changements globaux sources de déstabilisations sociales!

Ce processus est actuel car il est prédateur, dans le sens d'un temps long et d'un espace mondialisé. Toujours en cours comme nous le prouve les statistiques qui disent que 46% de la population serait répartie en aires rurales ( agglomération de moins de 5000 habitants), et elle tendrait à augmenter en valeur absolue! Toutefois les évolutions différent selon les pays, les étapes de développement se différencient jusqu'à l'extrême sur le globe.

A- Unité et diversités des sud.

A chaque pays sa situation. Les grandes mutations du XX ème siècle ont d'abord touché le secteur agricole, dont les structures sont hérités de l'histoire. Comme en Amérique latine, ou les conquistador ont concentrés entre leurs mains, la part la plus importante des terres, créant de facto un rapport antagoniste, latifundiaires, minifundiaires et sans terres totalement déséquilibré. En asie, le manque de plaine à poussé les chinois à cultiver en plateau (riziculture), en Afrique, l'aridité du sahel pousse les touaregs à vivre en nomade, tandis que l'Afrique des haut plateau offre plus de sécurité et de ressources pour les cultivateurs. Mais cet espace a tendance à trop se peupler, ce qui entraine des conflits (ex: Biafra), derrières lesquelles on trouve aussi et surtout les intérêts des de majors multinationales à l'affut de l'économie rentière d'Afrique dernière grande réserve de ressources naturelles non exploitées au monde (pétrole, charbon, fer, cuivre et autre) Comme au Soudan par exemple, ou les musulmans avec l'aide des États-Unis et de l'Europe ont décimés et chassés les chrétiens du nord au Tchad voisin, ou l'on a eu d'ailleurs une exportation de la guerre.
Si l'on veut comprendre les tendances lourdes au niveau sociologique, nous comprenons bien vite qui sont les premières victimes. Ce sont encore et toujours les paysans qui paient les pots cassés. Biens sûr, réformes agraires, teintés de socialisme, et révolution verte, comme en Inde, ont permis de surmonter les crises, sans résoudre les problèmes de fond. Toutefois, ces différents styles de développement n'ont réussi que difficilement à garantir l'accès des populations paysannes à la terre et à assurer la fonction nourricière. Si l'on observe les PIB on se rend bien vite compte des injustices: plus la part de l'agriculture est importante dans l'économie plus le pays est pauvre. Peut-on l'interpréter dans le sens des ponctions des classes dirigeantes, comme le confirme Gavignaud7? Si l'on prend compte le détriment des termes de l'échange, pour des produits transformés dit à forte valeur ajoutée. Pourtant la donne a déjà changé. Les rendements permis par la révolution verte, ont cessés d'augmenter. Ce qui serait significatif, selon le géographe Michel Griffon d'un plafond atteint par l'exploitation des structures foncières. Il s'agirait donc d'étendre les terre. Seulement 40% des terres cultivables seraient cultivés d'après la FAO (une des succursale de l'ONU), mais se sont les meilleurs terres. Le reste étant les terres moins fertiles, de climat sec, pente difficile à cultiver, forêt boréale, tropicale qu'il faut conserver. Et ceci n'est que la partie apparente d'un grave problème. Le rôle que devra jouer les 2 milliards de « personnes vivant de l'agriculture familiale en autosubsistance », c'est à dire, des paysans8 devront être insérés dans le système productif pour faire face aux défis futur. Quels sont-ils? De nourrir le monde, sortir une partie du monde de la pauvreté et de sauver la biosphère, sans quoi, on crèvera de faim! Pour l'instant c'est mal parti, car la peur ayant envahi les esprits, les pays occidentaux et certains PED tel la Chine et l'Inde dans une moindre mesure font un véritable « rush » sur les terres encore disponibles essentiellement en Amérique latine et en Afrique subsaharienne ou des millions d'hectares de terres sont achetées pour une bouché de pain (ex: la RDC aux Boërs de Rodhésie, ou la Sibérie véritable colonie chinoise), la nature ayant horreur du vide on assiste en parallèle à un va et vient d'un nouveau genre à l'échelle mondiale, ces le processus complexe des émigrations sud-nord, sud-sud9 et... nord-sud.

B- Au nord, « tout fou le camp »!

Le nord, c'est à dire essentiellement le monde occidentale plus le Japon (la Triade), sans compter les NPI sont en mauvaise posture. Sociologiquement nous sommes dans un entre deux: l'héritage paysan perdure dans nos comportements, par exemple, l'attachement en France à la propriété symbolisant la sécurité foncière du paysan vis à vis de son petit lopin de terre, mais aussi au travers de l'épargne. Aux Etats-Unis la réapropriation des campagnes par les sub-urbain a plutôt tendance à reproduire une microsociété proche des sociétés rurales, tandis qu'en France, la marque urbaine et centralisé sera plus importante. D'un autre côté nous avons la perte progressive des souvenir des attaches à la terre à laquelle nous avons tendance à être déconnecté, ce qui se traduit par une reconfiguration des valeurs traditionnelles telles que la famille mononucléaire et au sens le plus large, à la religion. Mais aussi à une perte de repères habituels comme en témoigne la philosophie moderne tel que Derrida, Ricoeur, Latour, et le succès du phénomène manga au Japon (si, si, il faut voir comment s'habillent les jeunes tokyoites). Le dérèglement de l'agriculture du nord s'est faite à ses débuts, et nous commençons à peine à en voir les effets néfastes. Encourageant une agriculture performante et l'a concentration des terres entre les mains d'un nombre de plus en plus petit de propriétaires, la Politique Agricole Commune et l'Etat fédéral américain donnent l'illusion du libéralisme en maintenant sous perfusion l'agriculteur européen et américain qui en tout état de cause ne fait pas le poid face aux avantages comparatifs d'un Africain, en Asiatique ou sud Amérique travaillant pour un salaire de misère... C'est l'hypocrisie la plus totale dont résulte des « zones d'habitat spontané » dans les favelas de Rio de Janeiro, bidonville de Shangai, et même sur les bords de la mégalopole tokyoite. Mais déjà le système vacille du côté du quart monde. La logique de mobilité induite par des avantages de salaire et de main d'œuvre avantageuse a conduit à la diffusion de l'innovation (croissance en vol d'oie sauvage) qui permet petit à petit à ces pays à ce développer et se diversifier jusqu'à rattraper les occidentaux dans leurs derniers retranchements. Par profit, Les entreprises délocalisent à tour de bras rendant la structure économique instable. Les dernières radicelles de stabilité de l'emploi10 sont en train de disparaître. avec eux se développent de nouvelles formes de mobilités et de précarité avec la contractualisation progressive de la société. Au niveau mondial cette contractualisation passe par des institutions tels que l'OMC, qui désormais fait pression sur l'UE pour libéraliser l'agriculture11, promise... Pour 2013! La crise des producteurs de lait, et de la viticulture n'est que la partie visible de ce phénomène, la PAC s'occupant auparavant des surplus, laissant le producteur insouciant des dangers réels (car faussant le jeu de l'offre et de la demande). Ce qui n'est plus possible désormais. Celle-ci étant renationalisée. Mais l'État a t-il réellement les moyens de s'en occuper?

Conclusion: La civilisation paysanne a vécu, sa disparition que nous vivons actuellement avec autant de variantes qu'il y a de peuple (les deux opposés étant les indiens d'amazonie sorti de la préhistoire au XXI ème siècle avec le défrichement de la foret, et Singapour, véritable ville-Etat asiatique) est une véritable CHAMBARDEMENT sociologique, le plus important que l'histoire de l'humanité n'est jamais connu en si peu de temps! Le signe, peut-être le plus tangible de ce changement au niveau planétaire est la transition démographique que connaissent actuellement les PED, à des rythmes différents certes, mais révélant une mutation qualitative dans le style vie dans une amélioration des conditions de vie et donc conditionnant la transition et son bon déroulement et un saut quantitatif dans la logique productive et performative au travers de l'économie à flux tendu. La Chine comprenant 1,5 milliards d'habitants, l'Inde 1 milliards sont représentatifs de ce modèle dit émergent .Car en se développant ces pays prennent exemple sur l'occident et consomment d'autant plus qu'ils veulent faire parti des « gagnants »! Mais voilà que le temps est venu de rendre des comptes. Les inégalités sont toujours criantes, en Chine comme en Inde. En Chine, tandis que le littoral profite des aménités de l'interface pacifique et des infrastructures urbaines, le centre agricole du pays « crêve de faim », l'exode rural n'y a rien changer, les migrants devant souvent se résoudre à rentrer au pays face à la dureté de la ville.
Alfred Sauvy en parlant de Tiers-Monde n'a finalement fait, tout comme Adalbéron de Laon en son temps que justifier dans le cadre d'un processus d'encellulement société d'ordre dans lequel la règle serait le pillage en règle des paysans et de leurs terres, avec comme Noblesse, l'entrepreneur, et comme clergé Mamon! Cependant leurs fin risque aussi d'être la notre. Jamais un changement sociologique n'aura tant compté dans l'histoire de l'humanité.

Bibliographie générale:

- Max WEBER, L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme, Paris, Gallimard, 2004, 604 pages.
- G. GAVIGNAUD-FONTAINE, Villageois sans agriculture! Observations sur les mutations de notre temps, Montpellier (université Paul-Valéry), édition Presses universitaires de la Méditerranée, 2007, 268 pages.
- Bertrand HERVIEUX, Les orphelins de l'exode rural essai sur l'agriculture et les campagnes du XXI e siècle, France, édition de l'aube, 2008, 152 pages.
- Henri MENDRAS, éléments de sociologie, lieux d'édition, l'éditeur, 1969, nombre de page.


1G. GAVIGNAUD-FONTAINE, La Révolution rurale. Essai à partir du cas américain (USA), Le Coteau, Horvat, 1983, préface de Robert Laurent.
2D'aprés Henri Mendras, ce qui caractérise les sociétés paysannes, c'est qu'elles sont comprises dans une société plus large qui les englobe, et où se situent le pouvoir et l'autorité. D'ou l'importance du rôle des médiateurs tels le prêtre, le notaire, l'usurier, le châtelain entre l'autorité locale et englobante.
3Cela vient du latin fidus, qui désigne la confiance. Les romains vénéraient ainsi la Fides, qui était la déesse de la foi jurée. Et faisaient des traités appelés foedus avec ses alliés.
4C'est d'ailleurs un des dernier rempart de la désagrégation sociale de l'agriculteur exploitant avant que celui ci ne devienne exclusivement exploitant
5G. GAVIGNAUD-FONTAINE, Villageois sans agriculture! Observations sur les mutations de notre temps, édition Presses universitaires de la Méditerranée, p233.
6N'oublions pas les chiffres: 1789, 85% de paysans. Même si l'on prend en compte les flux migratoires venus de l'étranger, elle restait essentiellement rurale de part son origine.
7Ibidem, page 182.
8Les 20 millions de grandes exploitations à l'échelle mondiale
9Qui prennent de plus en plus d'importance en ce début de XXI ème siècle.
10On dit d'ailleurs que l'asenceur social est en panne. Ce fameux contrat passé avec les paysans ne tiens plus, vu que la société est totalement acquise au nouveau système, il n'est plus temps de s'occuper de ses dettes.
11C'est le Royaume-Uni qui va être content.

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