Qu'est-ce que la personne?
1-La personne n'est pas un objet
La personne n'est pas un objet. Elle est même ce qui dans chaque homme ne peut être traité comme un objet. Voici mon voisin. Il a de son corps un sentiment singulier que je ne puis éprouver; mais je puis regarder ce corps de l'extérieur, en examiner les humeurs, les hérédités, la forme, les maladies, bref le traiter comme une matière de savoir physiologique, médical, etc. Il est fonctionnaire, et il y a un statut du fonctionnaire, une psychologie du fonctionnaire que je puis étudier sur son cas, bien qu'ils ne soient pas lui, lui tout entier et dans sa réalité compréhensive. Il est encore, de la même façon, un Français, un bourgeois, ou un maniaque, un socialiste, un catholique, etc. Mais il n'est pas un Bernard Chartier: il est Bernard Chartier. Les mille manières dont je puis le déterminer comme un exemplaire d'une classe m'aident à le comprendre et surtout à l'utiliser, à savoir comment me comporter pratiquement avec lui. Mais ce ne sont que des coupes prises chaque fois sur un aspect de son existence. Mille photographies échaffaudées ne font pas un homme qui marche, qui pense et qui veut. C'est une erreur de croire que le personnalisme exige seulement qu'au lieu de traiter les hommes en série, on tienne compte de leurs différences finers. Le « meilleur des mondes » d'Huxley est un monde où des armées de médecins et de psychologues s'attachent à conditionner chaque individu selon des renseignements minutieux. En le faisant du dehors et par autorité, en les réduisant tous à n'être que des machines bien montées et bien entretenues, ce monde surindividualisé est cependant l'opposé d'un univers personnel, car tout s'y aménage, rien ne s'y crée, rien n'y joue l'aventure d'une liberté responsable. Il fait l'humanité une immense et parfaite pouponnière.
Il n'y a donc pas les cailloux, les arbres, les animaux- et les personnes qui seraient des arbres mobiles ou des animaux plus astucieux. La personne n'est pas le plus merveilleux objet du monde, un objet que nous connaîtrions du dehors, comme les autres. Elle est la seule réalité que nous connaissions et que nous fassions en même temps du dedans. Présente partout, elle n'est donnée nulle part.
E. Mounier, le Personnalisme, collection Que sais-je? Ed P.U.F, 1979, page 5.
Pour dégager la signification spécifique de la personne, on peut donc la définir comme la « capacité de se déterminer par des motifs dont on puisse justifier la valeur devant d'autres êtres raisonnables ».
La personne n'est donc pas objectivable. Elle multiple, changeante, et unique à la fois, car elle concerne la conscience de soi, qui fait que l'on ne peut que se sentir vivre, et non pas s' observer, d'un point de vu externe, car l'on ressent ce que l'on est, d'ou la subjectivité de l'être défini personnellement, par soi, c'est à dire sa conscience. Comme l'indique Locke
2-La personne se définit par la conscience
Cela posé, pour trouver en quoi consiste l'identité personnelle, il faut voir ce qu'emporte le mot de personne. C'est, à ce que je crois, un Etre pensant et intelligent, capable de raison et de réflexion, et qui se peut consulter soi-même comme le même, comme une même chose qui pense en différents temps, en différents lieux; ce qu'il fait uniquement par le sentiment qu'il a de ses propres actions, lequel est inséparable de la pensée, et lui est, ce me semble, entièrement essentiel, étant impossible à quelque Etre que ce soit d'apercevoir sans apercevoir qu'il aperçoit. Lorsque nous voyons, que nous entendons, que nous flairons, que nous goûtons, que nous sentons, que nous méditons, ou que nous voulons quelque chose, nous le connaissons à mesure que nous le faisons. Cette connaissance accompagne toujours nos sensations et nos perceptions présentes; et c'est par là que chacun est à lui même ce qu'il appelle soi-même. On ne considère pas dans ce cas si le même Soi est continué dans la même Substance, ou dans diverses Substances. Car puisque la conscience accompagne toujours la pensée1, et que c'est là ce qui fait que chacun est ce qu'il nomme aussi en cela seul que consiste l'identité personnelle, ou ce qui fait qu'un Etre raisonnable est toujours le même. Et aussi que cette conscience peut s'étendre sur les actions ou les pensées déjà passées, aussi loin s'étend l'identité de cette personne: le soi est présentement le même qu'il était alors; et cette action passé a été faite par le même soi que celui qui se la remet à présent dans l'esprit.
Locke, Essai philosophique concernant l'entendement humain (1689), traduction de M.Coste, Ed. Vrin, 1972, pp 264-265.
Ainsi, et selon les principes énoncés par Fichte, le système de l'éthique selon les principes de la doctrine de la science (1798), traduction de P. Naulin, Ed. P.U.F, 1986, p24. Penser le moi c'est abolir l'altérité du pensant et du pensé, les deux termes ne formant plus qu'une « seule et même chose ».
3-Elle est constituée d'une âme.
Peut-on pour autant, relier cette personne à ce que Socrate appel l'âme? C'est un postulat de départ, qui a été utilisé ici, philosophiquement, comme un parti pris en ce qui concerne l'homme et son être pensant. Mais la personne se définit aussi par ses actes, et ses choix volontaire ou non, ce qui nous ramène à la question du déterminisme, et de la remise en cause du libre arbitre propre aux nouvelles connaissances scientifiques du XXI ème siècle: sur la psychologie, et la biologie, que la personne est contenu dans un ensemble complexe de réseaux neuronales, liés étroitement au cerveau dont dépend une multitudes de réflexes moteurs, dont la plupart sont inconscient. De telle façon qu'un aspect mécanique de l'homme, décrié par Huxley, resurgit malgré nos oppositions. L'homme se fait robot, ou plutôt le robot se fait à l'image de l'homme, et sans le savoir l'homme reproduit à l'extérieur son propre complexe biologique, pour répondre de façon rationnelle à des problématique de plus en plus positive dans le sens comtien du terme.
Qu'est-ce que le réseau téléphonique, routier, autoroutier, voie ferré, si ce n'est que la reproduction d'un réseau neuronal où circule des informations et des personnes? La voiture, boit, va chez le médecin (le mécanicien), s'entretien, vit d'une certaine façon, est plus ou moins bien entretenue, et meurt tout comme un homme pourrait le faire. Ne parlons pas non plus du summum de la technologie, qui est contenue dans nos micro ordinateur, entité qui grace à la nano technologie, se rapproche le plus à ce que pourrait ressembler un jour à un cerveau humain, conscience que sois ne peut être limité à cette seule conscience, voilà le défi du nouveau siècle. Peut-on dire qu'un ordinateur, support mécanique essentiel sois reproductible à l'infini uniquement par son support matériel, et ses informations?
Disons, que toute ces fameuses informations puissent être immédiatement transmises d'un ordinateur à un autre, peut-on dire que ce sont les deux mêmes? Non, car la destiné des deux corps les sépare, de la même façon, que la vie façonnerait deux jumeaux physiquement semblables. La mort n'est pas non plus évidente, dans ces cas-là. Car rien ne dit, que la transmission d'information, soit la seule à constituer l'entité, et qu'il est bien possible, qu'un méta-langage, une âme subconsiente et irreproductible identitairement nous constitue sans que nous le sachions, de la même façon qu'un ADN, code notre être.
Ainsi la mort marquerait une fin, non plus uniquement mécanique, mais sensible. Cela nous aménerait à redéfinir la mort telle que nous la connaissons. Ce qui, selon moi, et c'est mon postulat de départ, est le cas. La raison de mon postulat: Les limites des connaissances scientifiques et de leur possibilités, ne prenent pas assez en compte les problème para-physique, et psychiques, par manque de moyen. Il est clair qu'une partie de nos connaissance sont obscurci par nos sens, qui eux sont limités. Qui nous dit, qu'il existe pas ailleurs, comme dans le conte de micromegas, des peuples avec plus de 5 ou 6 sens? Dans ce cas ci, les techniques seraient logiquement plus élaborée que les notres, car ouvertes sur des univers imperceptibles, donc inconnu, voir inconcevables à nos yeux.
Peut-on demander à une puce de répondre oralement à nos questions? Non, car elle ne possède à la limite qu'un ou deux sens. De la même façon, il est probable que notre constitution physique et psychique nous limite dans nos mouvement, de telle façon qu'il soit impossible pour nous, de la même façon qu'il est impossible pour un singe de parler, de s'envoler de nos propres ailes ou d'effectuer certaines choses, et donc nous limite dans nos choix et notre façon de faire et de concevoir.
Malheureusement pour nous, seul un point de comparaison observable pourrait nous donner les limites de nos moyens, et donc de notre personne. Nous ne pourront donc jamais définir totalement, l'existence de la personne, dans ce qu'elle a d'absolu. Toutefois, notre mode de conceptualisation, cette conscience de la conscience, nous permet d'être assez intelligent, pour imaginer, ce à quoi nous pourrions aspirer.
5-Elle est contrainte: persona, miroir de l'inconscient collectif.
Penser la persona, c'est penser le reflet d'une facette cachée de notre personnalité, celle qui se donne pour image ce qu'elle souhaite montrer, elle est purement superficielle et matérialisable sous une forme collective objectivable. Un modèle préfabriqué résultant d'une fonction bien précise dans la société. Ce conformisme fonctionnel est indispensable au bien paraître de la société ainsi que nous l'explique C. Jung
« La persona est un ensemble compliqué de relations entre la conscience et la société ; elle est, adaptée aux fins qui lui sont assignées, une espèce de masque que l’individu revêt ou dans lequel il se glisse ou qui, même à son insu, le saisit et s’empare de lui, et qui est calculé, agencé, fabriqué de telle sorte parce qu’il vise d’une part à créer une certaine impression sur les autres et, d’autre part, à cacher, dissimuler, camoufler la nature vraie de l'individu.
Qu’il soit superflu de cacher sa vraie nature, seul peut le prétendre celui qui s’identifie à sa persona à un tel degré qu’il se tient au demeurant dans une ignorance profonde de lui-même ; et de même, seul peut imaginer inutile de faire une certaine impression sur les êtres de son entourage celui qui méconnaît la nature vraie des humains qui l’entourent. La société attend et se doit d’attendre de chaque individu qu’il assume et joue de façon aussi parfaite que possible le rôle qui lui est imparti ; ainsi, par exemple, d’un individu qui est un pasteur, la société escompte non seulement qu’il assume sans heurts les obligations de sa charge, mais aussi qu’il soit à tous moments et en toutes circonstances impeccablement dans la peau du personnage de pasteur. La société exige cela comme une sorte de garantie et de sécurité. Que chacun demeure à sa place et se cantonne dans son domaine : celui-ci est cordonnier et cet autre, poète. Nul n’est tenu d’être, à la fois, l’un et l’autre. Il ne semble d’ailleurs pas recommandable d’être les deux à la fois, car on devient vite suspect : cela a quelque chose d’inquiétant. Face à la société convaincue que seul le cordonnier qui n’est point poète fait des chaussures selon les règles de l’art, il serait un individu peu sérieux, un fumiste, suspect d’insuffisance et d’impréparation. Ainsi, il est important, dans la pratique, qu’une personnalité se montre sous une seule étiquette ; car la société, qui ne connaît que l’homme moyen, sait que celui-ci doit déjà se concentrer sur une seule occupation pour faire quelque chose de valable et de présentable, et que s’il s’éparpille sur deux, c’en est déjà, en général, trop pour lui. Notre société est incontestablement construite à partir de tels stéréotypes. Rien d’étonnant donc à ce que, pour quiconque veut arriver, il soit nécessaire d’en tenir compte.
Or naturellement, en tant qu’individualité, personne ne peut satisfaire entièrement cette attente, et chacun se voit confronté inéluctablement avec la nécessité d’édifier une personnalité artificielle. Les exigences d’un conformisme non choquant et des bonnes meurs apportent leur contribution à la fabrication d’un masque présentable et acceptable. Derrière ce masque se développe ce qu’on appelle la « vie privée ». (…) L’élaboration d’une persona soumise aux normes collectives auxquelles elle satisfait constitue une concession énorme au monde extérieur, un sacrifice de soi-même, qui contraint directement le Moi à s’identifier avec la persona, de sorte qu’il existe réellement des individus qui croient être ce qu’ils représentent. Mais « l’absence d’âme » inhérente à une telle attitude ne peut être qu’apparente, l’inconscient ne tolérant en aucune façon semblable déplacement du centre de gravité. (…) »
La persona doit être la plus explicite possible pour pouvoir bénéficier avantageusement des retombées positives de la société. Celles-ci s'effectuant sous la forme d'un troque symbolique : reconnaissance sociale, contre une part de liberté personnelle. Cela est assez révélateur dans le cas par exemple dans la fonction publique ou les relations internationale, au sein de laquelle la neutralité politique, la bienséance est de mise. L'enjeu est assez énorme, mais il en va de l'avenir de ladite personne, ainsi que de l'équilibre des rouages psychologiques sociaux, dans le but de maintenir un certain ordre apparent.
Notre identité est ainsi bridée, d'une certaine façon, par notre MOI social.
6- Elle devient mutante: la génération caméléon.
Les screenagers forment la nouvelle génération de jeunes qui bondi de branche en branche dans cette persona, symbole de la mutation des temps en cours, la génération née avec un souris dans la main, sera la clef de l'avenir... ( à développer)
Conclusion: La personne n'est pas un objet, elle est à la fois singulière et universelle. aujourd'hui elle est confrontée à de nouvelles mutations, sociales et technologiques, qui la soumette à des adaptations nécessaires, à la fois plus libre, et bientôt plus contrainte que jamais, elle subie la révolution post-néolithique, passage chaotique d'un ordre ancien aux normes d'un monde qui tend à la dominer symboliquement, en jouant sur de nouveaux paradigmes, mais surtout de nouveaux régulateurs de la communauté humaine, donnant à tous l'illusion de plus de liberté, fausse liberté, qui est en fait une nouvelle prison, prenant la forme d'une immense toile virtuelle, dans laquelle plus personne ne pourrait être dépendant de lui même. Sans conscience de lui même, partout, et nulle par à la fois, L'homo sapiens, se rassiera alors face à son bureau, ou il tapotera sur son clavier, tête baissé non par humilité, mais par débilité, l'homme deviendra un animal intelligent,
un véritable singe savant.
1On dira que cette conscience n'est pas toujours actuelle, mais au moins virtuelle: en puissance, toute pensée est consciente.
Voici un lien pour commencer:
http://garandel.e-monsite.com/rubrique,cours-du-11-01-10,510529.html
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