Il est important dans ce cadre de voir la relation entre Etat et nation dans le processus de construction nationale, mais aussi le renouvellement nécessaire de l'Etat nation au travers de cette mondialisation
Indicateurs et questions : individualisme et mondialisation
Il ne faut pas réduire le terme d'individualisme à celui « d'égoïsme », car c'est un terme polysémique qui renvois à une dimension fondamentale de la modernité dans les sociétés occidentales. Michel Foucault distingue trois signification de ce terme:
Fondé sur la valeur singulière de l'individu et de son indépendance vis à vis de son groupe d'appartenance et des institutions.
Importance prise par la vie privé et l'activité domestique
Rapport réflexif l'individu cherchant à mieux se connaître et agir sur lui même
Ainsi dans sont développement dans le temps, il s'agit d'une véritable transition culturelle vers des valeurs post-matérialistes dans lesquelles l'individu prend une place importante. Mais il faut distinguer deux types d'individualisme en Europe: particulariste et universaliste. Ces deux formes se développant au détriment des valeurs traditionnelles.
Mais l'individu est aussi le résultat et l'acteur principal de la mondialisation. C'est Théodore Lewitt qui pour la première fois introduit le terme anglais de globalization en 1983 désignant la convergence des marchés dans le monde, étape actuelle de la mondialisation succédant aux phases d'internationalisation et de transnationalisation. La mondialisation de l'économie passe aujourd'hui par la création d'un sphère financière globale, l'interconnexion des marchés et la mise en place de stratégies d'entreprise à visée global, dont la technologie internet est le phénomène le plus symptomatique et facilitant la constitution d'un technoglobalisme (savoir commun issu d'une fusion d'innovations et de techniques venant de pays différents) dans des logiques de gestions à la fois locale et globale, ce serait le village planétaire défini par Marshal McLuhan à la fois isolé et relié au monde entier. De la se pose la question de la citoyenneté et sa place dans l'Etat-nation
La remise en cause de l'Etat-nation?
La mondialisation a tendance à effacer les frontières nationales, des flux de richesses et d'information échappent aux Etats se traduisant par le développement de réseaux et d'acteurs globaux au premier desquelles on a les grandes firmes, donnant naissance à des produits sans nationalité, de part l'origine diverse de la matière productive. D'après la thése de Kenichi Ohmae l'Etat nation est devenu inapte à assurer la dynamique des quatre I (investissement, industrie, information, individu), de plus, de nombreux problèmes économiques et sociaux ne peuvent être traités au niveau national ex: environnement, santé, sécurité, droit de l'homme etc. D'ou le développement d'instances internationales tandis qu''un droit communautaire tend à supplanter le droit national, certaines instances telles que le G7 influencent même les décisions prises dans certaines Etats.
Au niveau des facteurs internes, nous trouvons un autre coupable au sein des régions. Pour K. Ohmae d'ailleurs, seul un Etat-région pourra faire face aux enjeux de l'avenir, dans la mesure où il représentera un espace assez restreint pour être homogène et assez grande pour être autonome et faire vivre un marché. Avec le risque toutefois du micronationalisme. Comme on le remarque en France pour le cas de la Bretagne, la Corse et le Pays Basque et en Europe (Espagne, Belgique, Royaume-Uni). La distance ressenti avec les représentants nationaux de la part des citoyens les porte à se replier sur les logiques de proximité et de façon plus identitaire. Une autre question se pose au travers de la quête d'identité concernant les populations immigrés, mis en face aux difficultés économiques de la France et au faible pouvoir intégrateur des instances traditionnelles poussent une minorité de ces populations vers le replis communautaire.
L'Etat nation ne disparaît pas, mais pour survivre, il doit se transformer. En effet, l'Etat dispose toujours de ressources massives tant sur le plan économique que du point de vue symbolique ou coercitif. De plus, on constate une permanence de l'espace de gouvernance des Etats, pour les firmes transnationales par exemple, loin d'être globales, appartiennent toujours à un Etat, puis l'importance des Etats dans le fonctionnement des institutions internationales, de plus on peu se demander si ce n'est pas à l'échelon national que les mécanismes de solidarité sont les plus adaptés (cf le séisme de Haïti, les Etats ont été plus rapide à réagir que les instances supranationales tels que l'Union Européenne et l'ONU). Il faut remarquer toutefois que d'une part, l'Etat se désengage progressivement de son rôle de producteur au profit d'une régulation directe ou indirecte, ainsi qu'il lui faut repenser des principes d'existence essentiels tels que la souveraineté.
Concepts et analyses
En posant la question, qu'est-ce qu'une nation? Deux réponses classiques émergent, mais il est plus difficile de sérier ce que l'on appelle nationalisme qu'il vaudrait d'ailleurs mieux nommer par le pluriel.
La première définition de nation est donné par Ernest Renan: il insiste sur la conception historique de la nation , bâtie sur une acception élective qui conduit à conclure par cette phrase célèbre « L'existence d'une nation est le plébiscite de tous les jours » annonçant ainsi le droit du sol, principe d'intégration nationale à la française.
Pour Herder, le génie du peuple s'exprime dans la langue nationale et pour Fichte, la nation est une véritable totalité de nature organique, fondé sur des attributs comme la langue, la race, l'ethnie et la culture.
Donc le concept de nation recouvre deux dimensions, à savoir d'une part l'élément civique et territorial, d'autre part ethnique et généalogique.
Attention de faire la différence entre ethnie et nation. Une ethnie est une communauté historique avec une certaine spécificité culturelle, non organisée politiquement. Au contraire de la nation, véritable concept citoyen se définissant par sa souveraineté, se référant à une communauté de citoyens dont l'existence légitime l'action intérieure et extérieure de l'Etat. Dans ce contexte, il faut délimiter les champs de la nation et de son pendant, le nationalisme. On peut ainsi parler de nationalisme interne propre à la recherche de reconnaissance des ethnies, et celle propre à la volonté de puissance des nations. Si l'on tente de synthétiser les diverses approches du lien entre nation et nationalisme, il existe trois grands courants de pensés:
Fonctionnaliste: insistant sur le mouvement des idées au principe de nationalisme, représentation ou croyance se substituant à la religion. Mais fair fi des conditions concrètes de construction nationale tels que la construction institutionnelle.
Le courant moderniste: insistent sur l'importance des conditions économiques du passage des sociétés anciennes, aux sociétés industrielles dans l'émergence des nations.
Perennialiste: cherche a expliquer la nation en la resituant dans un temps plus long. On affirme ainsi que le liens ethnique se prolonge dans le nationalisme.
Mais peut-on vraiment analyser le nationalisme en négligeant l'ordre politique, c'est à dire en ne distinguant pas nettement la nation de l'Etat ?
Etat et construction nationale.
Il est assez difficile de différencier les deux car l'Etat est avant tout l'émanation de la nation. Pour Max Weber, l'Etat est l'instrument de la puissance de au service de la nation. Il y a donc véritablement nation lorsque il y a démonstration du pouvoir vis à vis de l'extérieur. Pour M. Maus, il distingue parmi les unités politiques, celles qui sont des nations de celles qui n'en sont pas, le critère décisif étant que dans une nation les administrés décide de la loi entant que citoyen au lieu de la subir passivement, il faut donc ajouter un élément: la citoyenneté. Quant à N. Elias, il insiste sur le processus d'édification de la nation, l'habitus social spécifique. Pour qu'il y ait Etat, il faut à la fois que celui-ci dispose du monopole de la violence légitime et de l'impôt.
L'émergence de l'Etat moderne en Europe s'est ainsi effectué à partir du XIII ème siècle au travers de 4 processus de différenciation:
-Séparation du domaine politique et religieux.
-Le pouvoir étatique l'emporte sur le pouvoir seigneurial.
-Déploiement d'une organisation administrative fondée sur la séparation des fonctions
-Triomphe des rapports juridiques entre individus et entre ceux-ci et l'Etat grâce à l'émergence de la notion de droits de l'homme au XVIII ème siècle.
La plupart des Etats européens se sont ainsi constitués entre le XVème – XVII ème siècle en même temps que se dessine de nouveaux rapports sociaux et de nouveaux intérêts de groupes en présence comme leur place dans les sphères du pouvoir. Ces processus se différencient selon les pays. En France l'installation des caractères nationaux au XIX ème siècle s'est faite par l'histoire différenciée des relations entre l'aristocratie et la classe moyenne bourgeoise, avec une assimilation réciproque des valeurs et une diffusion progressive de celles-ci (par exemple au travers de l'édit de Villers-Coterêt en 1539. En Allemagne, l'opposition bourgeois, aristocrate s'est faite plus radicale, avec l'arrivé d'une autre composante, les intellectuelles qui ayant peur d'être laissés à l'écart monopolisent les biens culturels de la communauté et entrainent dans leur,sillage des bourgeois en ce qu'il sert d'accès au pouvoir politique. Par la suite le nationalisation se diffuse par le biais d'institutions divers tels que l'armé ou l'école. L'armé par la conscription systématique, et l'école devenant obligatoire, donne à tous les moyens de mobilité sociale. Se système trouvera son aboutissement décisif au Xxème siècle avec la mise en place de la sécurité sociale en 1945 et d'une manière générale de l'Etat providence complétant sur le terrain l'extension des droits politiques accomplie depuis la Révolution
Enjeux et débats.
La Révolution de 1789 fait bénéficier l'individu d'un ensemble de dispositions juridiques garanties par l'Etat, en fonction des « droits naturels » que sont « la liberté, la propriété, la sureté et la resistance à l'oppression » (article 2 de la DDHC). Ainsi la liberté dans son sens politique a évolué: on départ conçu comme simple autonomie vis à vis du pouvoir politique, on est passé au XIX ème siècle a une liberté faisant participer les citoyens à l'exercice du pouvoir a travers le suffrage universel, puis au XX ème siècle on parle de plus grande équité sociale,ce qui complète les libertés publique s'affirmant dans les constitutions françaises de 46 et 58, à ,cela se rajoute d'autres composantes telles que que la nationalité, la participation à la vie de la cité, et l'existence de devoir comme payer les impôts. Il est cependant difficile d'articuler les dimensions statutaire, effective et identitaire de la citoyenneté
-1er définition juridique des droits et devoirs
-2 ème concrétisation de la précédente se heurtant à des inégalités persistantes
-3 ème mode d'identification collective dans le cadre national
Parmi les changements importants impulsés par la Révolution sur le long terme, on a, la monté de l'individualisme. Qui d'actif et entrepreneurial en 1970, est devenu inquiet dans les années 90. Ce dernier se développe dans des groupes fermés d'appartenance ou d'affinité. C'est l'entre soi. Ainsi les inégalités changent de nature, remettant en cause le contrat social élaboré depuis plus d'un siècle. Ainsi le lien social est distendu et une partie de la population se trouve hors jeu économiquement et socialement. D'autant plus que le caractère représentatif de cette démocratie s'infléchit vers une démocratie d'opinion faisant la part belle à l'intervention des médias. Un des moyens de l'existence social n'est autre que l'appel à la justice et à la médiation, et dont on se demande si elles annoncent un déclin de la citoyenneté, qui ne serait plus qu'un instrument juridique susceptible de donner accès à un ensemble de ressources.
Vers un Etat-nation renouvelé?
Le philosophe Habermas est l'un des premiers à dissocier dans le cas de l'Allemagne, la participation politique de l'identité nationale, quant à Jean Marc Ferry, il généralise l'idée d'identité post-nationale, signifiant que les principes des droits de l'homme et de l'Etat de droit peuvent seuls servir de référent. Contrairement a l'Allemagne qui a été obligé historiquement de séparer unité politique et unité culturelle, l'identité française est politique, l'intégration européenne est donc vu comme une unité politique post-nationale par dissociation entre trois caractéristiques de la nation:
-Frontières territoriales.
-Une forme politique .
-Des traditions culturelles.
Ces réalités sont loin d'être intégrées d'ou la difficulté d'une post-nationalité en France. D'autant plus difficile à intégrer qu'une identité tant individuelle que collective, ne se décrète pas mais se construit au cours d'une histoire et dans des lieux, même si l'imaginaire joue. Des risques sont aussi en jeu. Comme celles des fragmentations identitaires, en réaction à l'imaginaire de l'effacement auquel s'opposerait un imaginaire de la différence. On doit donc avant tout considérer face aux risques de errements, de la concevoir comme une communauté de citoyens animé d'un consensus dans le sens d'un vouloir vivre ensemble, celle-ci pourrait se caractériser par l'émergence de diverses formes de citoyennetés locales:
vie associative
Loi de 82 et 92 sur l'information et la participation des citoyens à l'échelon communal
Un ensemble de mesures en faveur du monde associatif annoncées lors des premières assises nationales, de la vie associative en 99
on constate un renouveau de la notion de territoire au travers de différentes lois de développement et d'aménagement du territoire, les règles d'intercommunalité, contrat de plan Etat-région (se pose la question de l'agencement des différents territoires (Europe, Etat, région)
Cela serait une manière d'éviter les risques d'une société de marché dans laquelle l'Etat se désengagerait de nombreux services publics. Mais pour mener à bien se projet, il est nécessaire que l'Etat-Nation se renouvel.
En effet, à ce niveau l'adhésion à l'Union Européenne est symptomatique, car à travers cette organisation, la citoyenneté est ouverte à des identités multiples, et conférant aux ressortissants européens des droits nouveaux comme la liberté de circulation, de travail, de résidence, de vote et d'élegibilité aux élections européennes et commuales. Il s'agit donc de remettre en cause cette République qui doit tenir en compte de quatre dimensions fondatrices que sont le droit de l'Etat,de l'homme, du citoyen, de la nation. Tout en sachant que les grands principes constitutifs de l'Etat (souveraineté, territorialité, sécurité) vont être relativisé sous l'effet des espaces de construction régionale. Il s'agira alors de concilier l'universel et la culture qui veut se faire communautaire.
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