mercredi 7 avril 2010

Survivant de Takao Saito






Voici que je vous parle encore d'une de mes lectures. Bien évidemment, celle-ci s'inscrit dans un cycle de pensé.


Celle de la science fiction et de son rôle pédagogique. Pédagogique dans le sens où elle nous apprend quelque chose à travers l'imaginaire. Derrière ce terme, un véritable monde se met en branle. Car quoi de plus imaginaire que le monde réel. Les historiens ont bien mis en évidence le rôle préeminent de l'imaginaire dans nos structurations mentales. Car le plus important n'est pas que ce soit vrai, mais que l'on y croit. Et le XXI ème siècle, est fertile en imaginaire. Comment peut-on nous faire croire que des milliards de dollars ont disparus dans la nature? Des chiffres sur un écran, disparaissent et apparaissent, et l'on a réussi à nous faire croire que ces chiffres ont de la valeur.


La réalité va vite nous rappeller à l'ordre et nous montrer à quelle point nos conditions de vie n'ont rien à voir avec celle qu'elles devraient être.


C'est un peu le thème du manga de Takao Saito, une oeuvre philosophico-naturaliste magistrale.


Ceux qui ont suivis mes topics précédents, ont pu remarquer que j'ai fait allusion à l'ethos de asiatique. Celui du japonais est particulier, car il utilise les matériaux du réels pour le recycler et en faire quelque chose d'autre. C'est grosso modo ce qu'à fait Saito dans ses mangas.
Un ouvrage d'avant garde, effectué entre 76 et 78 prédisant l'avenir prochain de l'homme suite aux catastrophes naturelles liées au réchauffement climatique. On suit les aventure d'un jeune collégien dénommé Satoru qui a par chance survécu au cataclysme. En fait, l'histoire débute juste aprés celle-ci, et l'on met du temps à comprendre la situation, tout comme le jeune homme qui s'y trouve ce qui nous permet de s'imiscer rapidement dans la peau du personnage.
Ce qui est intéressant, c'est de voir les différents problèmes auxquels est confronté Satoru pour survivre dans ce lieu hostile. Une partie du Japon ayant été noyé sous l'eau ou enseveli par des tremblements de terre et des éruptions volcaniques à répétition (l'auteur se basant sur la thèse scientifique de Kayser du retournement magnétique sensé se produire tout les 100000 ans) le héro se trouve sur une île est doit subvenir seul à ses différents besoins, le problème c'est qu'il ne connait quasiment rien à la vie dans la nature sauvage.
Ainsi, les va et vient entre le regard "omniscient" du narrateur et "innocent" du héro contrastent et se complètent et nous permet d'apprendre un tas d'information sur la survie, mais aussi sur l'histoire, la géographie, l'entomologie, la zoologie, la climatologie, la mythologie, la psychologie, et d'autres tout au long de l'ouvrage. Le personnage passant de l'état d'homme des cavernes dans le premier tome, ou on le voit redécouvrir le feu, la pêche, la chasse, la cueillette, la construction d'un abris... Et dans le troisième ou il devient un véritable paysan, cultivant son petit pré carré, tant bien que mal. Ce manga est un véritable manuel des castors juniors!

On se rend vite compte a quel point on est ignorant, et que les connaissances que l'on nous inculquent habituellement à l'école, et à la maison (les connaissances académiques disons), ne sont pas forcément les meilleurs dans la pratiques, et les plus respectueuses de notre environnement. Il met aussi en évidence, notre manque de conscience et de gaspillage manifeste. Surtout celle du japon moderne, qui importe tout au lieu de produire elle même adoptant ainsi le système libéral, qui a terme la condamnera comme les autres.
C'est donc l'histoire d'un parcours initiatique et de découverte, tant pour le lecteur que pour le héro, qui au fur et à mesure de son avancée dans ce monde vide et apocalyptique, redécouvre les véritables joies et tristesses de la vie. Sa prise de conscience de l'importance du nécessaire pour la subsistance, et la chance du superflux, qui plus qu'un luxe, était un véritable gaspillage inconscient auxquels se livraient ses contemporains.
L'ouvrage nous fait bien comprendre la sagesse des anciens, de leurs connaissances pratiques ancestrales, et des difficultés qu'ils ont eu à obtenir ces connaissances indispensables à la survie et à la vie de tous et dont notre société est aujourd'hui l'héritière,


Mais la grande question, celle qui se pose réellement dans cet ouvrage est de savoir, si en est-elle digne, désormais?

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