mercredi 19 novembre 2008

SOMMAIRE

Introduction

I- Le contexte médiatico-politique.

1- Mitterrand

2- Chirac

3- Sarkozy

II- Positionnement énonciatif.

1- Jeu de mots: une terminologie clef.

2- Le couple « défi-réponse ».

3- Orientations discursives (positive-négative).

III- Etablissement d'une situation d'échange.

1- Les aspects rituels.

2- Implication personnelle du président et personnification du locuteur.

conclusion

Annexes


[Livret à part:corpus de texte 1,2,3] Les lignes cités renvoient au corpus non publiable sur ce blog. Se reporter aux sources internet pout les discours.

Les voeux présidentiels constituent un genre de discours particulier. Par leur officialité, leur régularité dans le temps (chaque année, le 31 Décembre), et leur large diffusion télévisuelle dans la grande tradition républicaine, ils permettent de comprendre ce que l'on appel l'ethos présidentiel vu du rituel politique. Vous avez dis ethos? Ce terme, renvoi en fait à l'éthologie, c'est à dire l'étude des comportements, qui est une discipline en devenir dans le domaine de la recherche en sciences humaines. Ainsi d'après Jean-Eric Aubert, les cultures constituent des ensembles cohérents de comportements. Elles seraient principalement caractérisées par des modes d'insertion dans le réel, ce qu'il appel ethos. Dans ce domaine, l'analyse du lexique de trois discours de présidents différents: celui de Mitterrand le 31 Décembre 1994, de Jacques Chirac pour 2007 le 31 Décembre 2006 et de Nicolas Sarkozy pour 2008, le 31 Décembre 2007.; ainsi que dans trois contextes sociopolitiques bien différents, semble assez difficile pour celui qui veut démêler les fils de la conjoncture et de la structure du discours, de l'ipse de l'idem. L'altérité d'un discours pose le problème de sa temporalisation, mais aussi de son positionnement, de sa subjectivité interne, car l'on ne peut comparer, que ce qui est comparable. Dans ce sens, l'on peut s'interroger sur le sens de ces vœux: de qu'elle façon les différents présidents s'approprient ce discours pour influencer l'opinion public? Existe-t'il une certaine permanence sur le fond et la forme du discours? En quoi la terminologie employée est-elle révélatrice d'un ethos particulier? Et quels peuvent être les termes clefs indispensable à cette analyse du discours, et pourquoi? Trois éléments explicatifs doivent donc être prit en compte pour analyser ces discours: le contexte événementiel et médiatique au moment des voeux, le positionnement énonciatif de chacun des présidents au travers de leurs discours, puis finalement, et c'est le peut-être le plus important, les aspects presque normatifs que l'on retrouve dans chaque discours, par l'emploi de termes récurrents, parce qu'il s'agit avant tout de voeux. Il est évident que ces trois aspects ne sont pas toujours clairement distincts dans les voeux du président et qu'il faut resituer les phénomènes d'interactions, d'enchevêtrements pour bien les comprendre. C'est dans ces directions que va se construire cette étude.




I- Le contexte médiatico-politique.

Dans le champ lexical employé par les différents locuteurs, il est d'abord nécessaire de faire la part des choses entre ce qui relève du contextuel, presque du contingent, pourrait-on dire; de ce qui relève de l'ossature. Cela pour mieux savoir sur quel fils sensibles vont jouer les différents protagonistes et comment révéler leurs stratégies discursives.

1- Mitterrand

Mitterrand, utilise un événement particulier (extraodinaire) à titre d'exemple, qui va tenir beaucoup de place dans son développement discursif. D'autant plus qu'il est assez récent. En effet, le 26 décembre 1994, soit quatre jours avant les voeux présidentiel, un commando du GIA détourne un avion qui s'était envolé d'Alger, avec pour dessein de le faire s'écraser sur la tour Eiffel. Mais le GIGN a réussit à reprendre le contrôle de l'avion à l'aéroport de Marseille.
Le président fait aussi plus ou moins directement allusion à des événements troubles qui ont pu se produire durant l'année. Un climat économique plutôt morose: augmentation sensible du chômage, éficit budgétaire qui dérape dans des proportions inquiétantes, projet de contrat d'insertion professionnelle (C.I.P.) doit être abandonné. Ainsi l'année 1993 se solde par une croissance négative du P.I.B. et la Bourse perd plus de 17 % en 1994. Il n'est donc pas étonnant de retrouver dans le discours de Mitterrand un lexique en rapport avec la situation économique du pays tel que: « chômage, pauvreté, l'exclusion » (texte 1: ligne 23) en référence aux difficultés économiques. Mais aussi à un vocabulaire en rapport avec la resorption du problème, dans une perspective optimiste de l'avenir:
– « expansion » (texte 1: ligne 26),
– « croissance » (texte 1: ligne 28),
– co-présence de « juste profit » (texte 1: ligne 34),
– « dialogue » (texte 1: ligne 35),
– « négocier » (texte 1: ligne 36).
Au niveau politique aussi, il y a des difficultés. On peut ainsi faire allusion aux difficultés du PS, au congrès de Lievin (18-20 Novembre), d'ou peut être l'allusion aux querelles des français « quereller » (texte 1: ligne 13). A cela se rajoute les perspectives politiques tels que l'allusion aux élections présidentielles et à la présidence de l'Union Européenne. En fait, les références à l'Europe est une constante dans les trois discours présidentiel. On retrouve ainsi le vocabulaire en rapport avec l'Union Européenne dans le paragraphe 9-10 ( texte 1: ligne 42 à 54). Dans cet intervalle le terme « Europe-européen » y est répété 6 fois, et « Union » 3 fois.
Il joue aussi sur la verve lyrique tout au long de ses voeux. Le ton qu'il adopte pourrait aussi être lié au fait qu'il soit âgé et atteint d'un cancer. On peut dire qu'il joue sur ce fait (et peut être sur son image à l'écran) pour émouvoir quelque peux son auditoire. L'allusion la plus évocatrice de ces voeux, se trouve à la fin de son discours par l'expression, les « force de l'esprit » ( texte 1: ligne ).

2- Chirac

Chirac, tout comme François Mitterrand à la même époque, se trouve en fin de son second mandat. Les difficultés économiques et politiques sont toute aussi importantes sous la fin de mandat de Mitterrand que sous Chirac: croissance économique quasi nulle, manifestation anti-CPE, et plus encore, le « non » au referendum français au traité constitutionnel de l'Union, qui le met en situation de faiblesse. Cependant son langage moins affirmé relève plus de la langue de bois. On peut ainsi retrouver dans son discours quelques allusions plus ou moins directs aux élections présidentielles à venir, à la situation économique, mais de façon beaucoup plus évasive, voir à contrario trop optimiste. Ex:
– « Économie » (texte 2: ligne 42),
– « expansion » (texte 2: ligne 11),
– « la sécurité » (texte 2: ligne 30),
– « pour l'emploi » (texte 2: ligne 30),
– « pour le pouvoir d'achat » (texte 2: ligne 30).

– On remarque dans le même registre l'importance de la référence aux valeurs tel que:

– « responsabilités » (texte 2: ligne 48),
– « honneur » (texte 2: ligne 49),
– « paix et pour la justice » (texte 2: ligne 50) .
A cette occasion, il permet de marquer l'attention sur le danger que constitue Le Pen au second tour de l'élection présidentielle. Il marque aussi peut être sa distinction par rapport à son ministre d'Etat de l'intérieur fasciné par le modèle américain et par ce qu'on appelle la discrimination positive. Toujours dans le registre des valeurs, il fait ainsi référence à des événements, sans qu'il ne les cite ouvertement cependant le regroupement de tant d'adjectif dans la même phrase, permet de saisir la subtilité du propos qui sert à marquer les esprits : « liberté, l'humanisme, le respect, [...] diversité et des différences, la laïcité, l'antisémitisme, le communautarisme » (texte 2: ligne 33). L'énumération de termes forts renforce les propos du président, de même que l'anaphore du terme France associé à des adjectifs à valeur mélioratives tel que « forte » (texte 2: ligne 36) et « belle » (texte 2: ligne 36). Le président met aussi en garde contre « les idéologies et les illusions » faisant certainement allusion à la campagne électorale. On ne peut que ce questionner sur le (ou la ou les) destinataire de cet avertissement?
Tout proche des élections présidentielles auxquelles il ne fait allusion qu'une seule fois (texte 2: ligne 29), le Président met dans ses voeux en avant des thèmes de campagne de la candidate socialiste: « la formation » (texte 2: ligne 43), « la recherche » (texte 2: ligne 43). Mais insiste sur un thème cher à Nicolas Sarkozy: « le travail » (texte 2: ligne 43). D'ailleurs, il associ le premier ministre, à son travail, faisant allusion à des thèmes forts de la politique français telle que « sécurité, l'emploi, pouvoir d'achat » (texte 2: ligne 55) . De même il fait allusion au plan au logement opposable... Cette partie est assez révélatrice des comportements de Chirac par rapport à Mitterrand, les deux faisant allusion au même événement, mais dans deux styles différents. Celui de Mitterrand, est plutôt tourné vers la France (cité deux fois dans l'avant dernier paragraphe), à valeur inductrice, dont la co-présence des pronoms je/vous et France est fortement révélatrice. L'ultime paragraphe marque aussi le registre lyrique et sa situation en fin de discours marque plus un « adieu »:
– « quitterai » (texte 1: ligne 64),
– « espoir » (texte 1: ligne 63 ), « coeur plein de reconnaissance » (texte 1: ligne 62 )
– , « écouterai » (texte 1: ligne 61 )
– Tandis qu'inversement pour Chirac, le thème de l'election traité au milieu du discours, sert plutôt de tremplin à son discours pour les fameux « enjeux » dont l'énumération est le procédé linguistique le plus caractéristique. Bien que le « je » est bien présent, l'implication direct du président est bien moindre. Ce je ne sert qu'à être un tremplin vers des thèmes beaucoup généraux. L'enjeu renvoyant au « il » indéfini et externe au président.
De la même façon, le Président met en avant le rôle de l' Europe des pères fondateurs. A la veille de l'anniversaire du Traité de Rome. Il semble d'ailleurs prendre acte du non au référendum puisqu'il fait état des « ambitions économiques » (texte 2: ligne 59), de l'"Europe politique" (texte 2: ligne 58) ou de l'"Europe des protections" (texte 2: ligne 59). Tout comme le reste de son discours, l'Europe est associé aux valeurs et aux enjeux qu'il égrène tout au long de ses voeux. Notons seulement la co-présence du terme Europe et « paix et de la démocratie » (texte 2: ligne 56) dans le registre des valeurs, et dans le registre des enjeux économique et sociétaux: « la recherche, l'énergie, la sécurité, l'immigration » (texte 2: ligne 55 ) ( très généraux!!!)
Le Président a mis en valeur son héritage: la Charte de l'environnement qui fait partie de la Constitution. Il met enfin en relief tout l'intérêt d'une politique de l'environnement source d'emploi et de profits économique mais aussi de bien être personnel. On a donc un discours, bien plus impersonnel que les discours de Mitterrand et de Sarkozy et Mitterrand et beaucoup plus axé sur des valeurs consensuelles, et les grands thèmes politiques, économiques et sociétaux. Sans réellement s'impliquer dans ce qu'il dit.

3- Sarkozy

Nicolas Sarkozy tire avantage de son positionnement énonciatif, et s'implique beaucoup plus personnellement dans son rapport à l'auditoire. Sous forme d'injonctions, et de phrases simples, les allusions au contexte économique, social et politique sont plus que perceptibles. D'autant plus que depuis sa campagne au présidentielle, et sa première année de mandat Sarkozy a investi le champ médiatique de façon importante, s'accaparant des grands thèmes d'actualité traités lors des débats présidentiels dans un contexte de crise de la croissance. L'utilisation intensive du « je », et sa co-présence avec des thèmes traités de la présidentielle telle que « je sais [...] changement profond » (texte 3: ligne 26) (cette expression est répétée deux fois), « je sais [...] augmentation du coût de la vie » (texte 3: ligne 30 ), « possible » (texte 3: ligne 41) est censé rapproché le locuteur de son auditoire, mais aussi rappeler l'omniscience présidentielle ce qui permet de mettre en confiance ceux qui écoutent. On retrouve aussi des traces de ces thèmes de façon marquantes, rappelant aussi par là, toute une série de réformes entreprise l'année même dans l'injonction « Urgence » (texte 3: ligne 68 à 76): « choc fiscal et social » (texte 3: ligne 69), « pouvoir d'achat » (texte 3: ligne 70), « service minimum » (texte 3: ligne 71) etc. Puis comme d'habitude, le thème de l'Europe est traité, mais de façon plus contingente en rapport avec le traité simplifié et le projet sarkozien de l'union pour la Méditerranée .
Ce qui marque surtout ce discours dans les aspects contingents, c 'est surtout cette propension du président à se rapprocher du locuteur par l'emploi du je et son association avec un vocabulaire de registre à forte valeur émotionelle renforçant le sentiment d'empathie ressenti par l'auditoire. Ex: « craintes » (texte 3: ligne 28), « tristesse ou la douleur » (texte 3: ligne 16), « l’angoisse » (texte 3: ligne 29). Coupant par ici avec certains aspects rituels du discours des voeux, censés être distants de la situation du moment et d'avoir un regard plus rétrospectif sur les événements qui se sont produit, en surdéveloppant la première partie (celle ci prend mine de rien la moitié du texte), et en la poursuivant implicitement dans dans sa seconde partie jusqu'à la ligne 60! On remarque d'ailleurs par rapport au positionnement énonciatif (cf III.2 pour plus de détails) qu'à partir de la ligne 65, une transition au niveau de l'utilisation des pronom personnels. Je/vous étant plus rattachés aux aspects conjoncturels. Du fait de la situation personnelle des français dans un contexte de crise ex: « efforts et sacrifices », « en vain » . Tandis que le le nous et le il de la dernière partie est plus rattaché au générale. C'est à dire à moindre charge émotionnelle vis à vis de l'auditoire...

Bien que l'on dise que la cérémonie des voeux soit un exercice discursif facile, il est important de voir à quel point elle met en jeux la personne du président. De part sa situation en fin d'année, elle sonne un peu comme un bilan de l'année qui se termine et de la perspective pour l'année à venir. Sans parler du contexte politique du moment. Ainsi la situation ne sera pas la même si le président est en début ou en fin de mandat (voir même selon son âge). Les justifications, et la manière de les présenter varient donc selon les présidents et leurs situations du moment. Mais au fond, elles pourraient aussi relever d'un même substrat.

II- Positionnement énonciatif.

1- Jeu de mots: une terminologie clef.

Un certain nombre de termes jouent un rôle clef dans la construction de la pensée de l'énonciateur dans le but de marquer l'esprit par des répétitions, des associations de termes ou bien en jouant sur les sentiments dans le registre de la persuasion. C'est le cas de François Mitterrand, qui s'engage dans ce couple défi/réponse, en jouant sur la verve du lexique sentimental. Avec un champ lexical appartenant au registre dramatique. On y retrouve ainsi le terme « drame » (texte 1: ligne 6 ), ainsi qu'une série d'autres comme: « abnégation » (texte 1: ligne 4), « admiration » (texte 1: ligne 7), « courage » (texte 1: ligne 5), « former et honorer » (texte 1: ligne 9 ), « sang froid et la résistance » (texte 1: ligne 10) , donnant un aspect théâtrale, solennel, voir quasi religieux à ce discours. Mais renvoit aussi à des valeurs auquelles l'auditoire peut facilement se reconnaître.
On peut ainsi établir quelques catégories distinctes auxquelles renvois le discours de Mitterrand, tel que les termes renvoyant à:

1- La vie économique.

Pour parler des enjeux en cours où à venir
– Emploi (texte 1: ligne 36)
– croissance (texte 1: ligne 28)
– travail (texte 1: ligne 31)
– production (texte 1: ligne 32)
– salaire (texte 1: ligne 32)
– licenciements (texte 1: ligne 33)
– juste profit (texte 1: ligne 34)

2- Au social.
Dans le même registre, auquel s'ajoute celui de l'empathie.
– « sans abri victimes du chômage, de la pauvreté, de l’exclusion ». (texte 1: ligne 23)
– condition sociale (texte 1: ligne 27)
– contrat social (texte 1: ligne 37)
– Politique sociale (texte 1: ligne 51)

3- Aux valeurs, aux idéaux:

Dans le registre des valeurs communes aux français, et à la place de la France dans le monde.
– inégale (texte 1: ligne 27)
– liberté (texte 1: ligne 40)
– égalité (texte 1: ligne 40)
– idéaux (texte 1: ligne 40 )
– démocratie (texte 1: ligne 41)

Cette trame lexicale se retrouve dans tout les discours de président de la République de façon plus ou moins inégale, selon une dialectique mallheur-difficulté/ réussite-espoir. (cf I.2 le couple défi réponse). L'utilisation du champ lexical d'un côté plus positif que négatif dépend du locuteur, et de la direction qu'il veut donner au discours, selon l'impact recherché (cf I.3). Toutefois l'on s'aperçoit que son utilisation, répond à la structure du discours. Chaque parti comporte donc un lexique qui lui est propre. Ainsi dans le discours de Chirac et de Sarkozy, la première partie est consacrée aux « pensées », intervenant essentiellement dans des énoncés énumératifs, du registre de l'empathie, saluant prioritairement les personnes délaissés ou autres défenseurs de la patrie, d'ou l'utilisation d'un lexique du registre du malheur, de la souffrance en générale. Ex: « victimes de la solitude, de la maladie, de la détresse. » (texte 2: ligne 5) pour Chirac, et « seuls » (texte 3: ligne 14) et « éprouvés » (texte 3: ligne 16) pour Sarkozy. La seconde partie évoque la situation socio-économique du pays lors de l'année passé, tirant une sorte de bilan, le vocabulaire utilisé a donc plus attrait au social et à l'économie . La troisième partie faisant allusion aux enjeux, au défis conçu tien quant à elle, un aspect plus abstrait, elle mêlant à la fois des objectifs concrets aux idéaux.
Pour Mitterrand, le schéma est légèrement différent dans la mesure ou il introduit directement son sujet par le récit du sauvetage de l'Airbus à valeur d'exemple (servant à édifier et à développer son sujet), la « pensée » (texte 1: ligne 15) réservé « aux familles des passagers en deuil et aux soldats blessés » (texte 1: ligne 15-16), pour être généralisé à la communauté humaine. Le vocabulaire qui a attrait aux malheurs, et à l'édification. Puis par la suite une seconde partie, reprenant l'organisation des autres textes. Avec un vocabulaire plus lié à l'économie, et au social tel que « emploi », « croissance », « travail », « production ». Tandis que la seconde partie fait allusion à la situation socio-économique à l'intérieur du pays, la troisième parle de la politique extérieur de la France, fait allusion aux idéaux de la France tel que « la liberté et l’égalité » (texte 1: ligne 40-41). Mais aussi un vocabulaire plus terre à terre, lié à la politique, et au social, tel que « démocratie » ou « politique sociale ». Ainsi, dans ce sens, contrairement aux discours de Chirac et de Sarkozy dont les parties sont clairement défini par des champs lexicaux propre à chacune, celui de François Mitterrand paraît moins systématique de ce côté la. La fin du discours est bien évidemment consacré aux voeux explicites du Président pour la France et de l'ordre des idéaux à atteindre, ou des malheureux à aider selon leurs tempéraments: ceux qui « souffrent » (texte 1: ligne) pour Mitterrand, « soyons nous-mêmes » (texte 2: ligne 71) pour Mitterrand et « Renaissance » (texte 3: ligne 103) pour Sarkozy.

2- Le couple « défi-réponse ».

Parmi les permanences que l'on retrouve dans la structure des voeux des trois présidents, l'on note cette volonté de relever les défis posés par le présent et l'avenir, que le président se propose de relever. C'est l'occasion pour ce dernier de mettre en avant la politique du gouvernement, de ses objectifs au travers de la personne du président (utilisation du pronom personnel « je ») ou de la nation, en insistant plus ou moins sur ce qui fonde la cohésion du pays, et des valeurs communes. Ainsi, Mitterrand s'engage dans ce sens, à l'occasion du détournement de l'Airbus par le GIA algérien qui s'est terminé quatre jours plus tôt. Il profite de cet événement particulier à valeur d'exemple de telle sorte qu'il puisse l'étendre à d'autres cas semblables, ce que l'on voit lorsque à la fin du paragraphe, il généralise le cas particulier par « cette leçon vaut pour tout » (texte 1: ligne 20) . En fait, en partant de cet exemple, ce met en place une véritable dialectique lexical, opposant aux obstacles, aux malheurs du destins, les réponses, constituant la riposte du peuple français. Ainsi de proche en proche trouve t-on les termes « difficultés actuelles/véritable réconfort » (texte 1: ligne 12), « Quereller/unir » (texte 1: ligne 13), « malheur/solidaire » (texte 1: ligne 18/19), « exclusion/juste profit » (texte 1: ligne 23/34). Toutefois, le défi n'est pas tant relevé à titre personnel. Ainsi dans l'emploi de l'infinitif « s'interroger » (texte 1: ligne 24) on pourrait se demander à quoi renvoit ce « s' »? En faite quelques phrases plus loin, on se rend compte qu'il s'agit des « gouvernements » renvoyant à un futur proche ou lointain par l'emploi du futur « auront ». On remarque, aussi la mise en place d'un lexique insistant sur l'ambition à venir de ces futurs gouvernements, en parlant de « grandeur » (texte 1: ligne 42) de la France, « ambition » (texte 1: ligne 42), « d’énergie et d’enthousiasme » (texte 1: ligne 45), « entreprise audacieuse » (texte 1: ligne 46). Etant en fin de mandat, ce n'est donc sous un «je» qu'il envisage cet avenir, mais sous un « nous », « notre » collectif, renvoyant en fait aux futurs gouvernements, mais tout de même (à la fin du discours), les accompagnants symboliquement grace «aux forces de l’esprit» (texte 1: ligne 63) .
Pour Chirac, le terme «enjeu» est significatif de cette logique du discours: cité sept fois dans le texte, il met en avant les perspectives pressenties par le président au travers des articulations logiques, «le premier» (texte 2: ligne 33), «le deuxième enjeu» (texte 2: ligne 38), «le troisième enjeu» (texte 2: ligne 48), le terme enjeu est ainsi répété à huit reprises etc. Organisant par la, la pensée du président. De façon générale, on peut noter que le président s'engage personnellement. Au lieu de parler de la France en général ou de l'exécutif globalement (mon gouvernement), Chirac utilise de façon répétée le "je" comme « je me bas! » (texte 2: ligne 18) Mais aussi du terme «pour» associer généralement à des objectifs important, cela met en valeur son implication personnelle. Mais trahirai aussi l'échec de sa politique, selon l'opposition.
On retrouve le même type d'organisation du discours pour Sarkozy, mais avec l'usage du passé en parlant de 2007 (ce fut), pour revenir sur ce qui a été fait. En utilisant le terme «urgence» à outrance, soit plus de douze fois, et mis en valeur par sa situation en début de phrase, donnant un ton impérieux à l'ensemble! Ce qui est important, car l'on voit ici, une prise de position du second par rapport au premier, qui semble plus se situer dans le domaine de la praxi, l'association de l'urgence au changement. Un discours se voulant court et simple de part ses énoncés, mais conservant un schéma classique, argumentatif. Parmi les verbes exprimant la conscience et la connaissance, l’examen des contextes montre que la forme sais entre essentiellement dans des modalités allocutives. Les emplois sont avant tout des renforçateurs d’empathie. Cette marque d’empathie introduit une relance incitative et mobilisatrice: « Je sais l’angoisse qui vous étreint /tout ne sera pas fait en un jour/ mais /ma détermination est sans faille/ » (texte 3: ligne 29/34). Elle renvoi essentiellement à l'omniscience présidentielle. Mais elle a aussi et surtout une valeur argumentative. Le président cherche à convaincre, et les raisons sont essentiellement liées à la crise économique, et à la politique de réforme engagée rapidement par le gouvernement dans le courant de l'année. Elle justifie une politique en cours. D'ou l'utilisation de la tournure, fonctionnant autour de connecteurs logiques tel que « a ceux/ je veux », « je ne/ je » et la coocurence de termes antinomiques tel que vérité/hypocrisie. Globalement il s'implique plus, dans le défi en terme de responsabilités, à titre personnel que les autres présidents réunis. Il s'adresse ainsi directement à l'auditoire (emploi du je/vous, voir III.2), qu'il fini par inclure dans des « nous/notre/nos » salvateurs, en fin de discours, au sujet de la politique de civilisation qui constitue l'apothéose de son voeux. Notre étant associer à la « Renaissance » (texte 3: ligne 103) de la France. Cette progression discursive du « je » vers le « nous » constitu un procédé argumentatif cherchant à établir un réseau nodal, partant du registre intimiste (dualisme je/vous) au rapport à des formes relevant du domaine politique, économique et social (économie, développement, organisation, conflit, …).

3- Orientations discursives (positive-négative).

Selon les présidents, et divers variantes conjoncturelles prises en compte dans leur discours selon leur intensité, leurs impératifs, comme la situation politique, économique, sociale; l'énonciateur décide d'en jouer le chaud et (ou) le froid dans son discours dans une perspective non pas narrative, mais argumentative voir persuasive. Le discours de Mitterrand est clairement orienté de façon quasi oxymorique dans le registre de la dramaturgie résumé par cette expression « la joie et la douleur » (texte 1: ligne 17). Les termes antinomiques allant toujours par deux comme quereller/unir, dans le schéma que l'on a pu apercevoir dans la partie précédente. Tout un vocabulaire du symbole est utilisé pour édifier l'auditeur est utilisé dans un registre assez passionné et globalement empathique ex: « souffrent », « reconnaissance », « espoir » .
Chirac quant à lui, évite tout au plus ce genre de structure. Sa pensé tourne plutôt du côté positif. On retrouve bien évidemment un lexique du registre du malheur, de la souffrance en début de discours ex: victimes de la solitude, de la maladie, de la détresse. Mais en fréquence moins importante que dans les autres discours. C'est surtout une façon de s'engager. D'ou la co-présence de ce vocabulaire dit « positif » avec « pour »: « pour l'avenir » (texte 2: ligne 3), « pour [...] chance » (texte 2: ligne 19-20), « pour la paix et la justice » (texte 2: ligne 8) . Ce fut aussi un défaut du discours qui a été vivement critiqué, et perçu par l'opposition comme un signe de faiblesse manifeste.
Sarkozy Fait ressortir l'urgence, veut montrer qu'il est éfficace. D'ou l'emploi répété du terme urgence, changement. Mais aussi du champ lexical de la construction, (ex: « bâtissons »), de l'action (agir, faire) tout pro che du lexique se rapportant à l' obstacle à la difficulté surtout présent dans les deux premières parties du texte, de même l'on constate le parallélisme du terme convaincre proche de « malheur et fatalité » (texte 3: ligne 20), et de « heurter » (texte 3: ligne 47) et « diviser » (texte 3: ligne 47). Et plus généralement de la forme rhétorique , « je ne », « je vous » (texte 3: ligne 46). Significatif d'un discours argumentatif qu'il adopte. En simplifiant l'exercice des voeux, par la réduction des voeux institutionnels par le nouveau chef de l'Etat, la simplification des rituels (cf III.1), il marque un changement qui existait déjà chez le candidat Sarkozy.

Le positionnement énonciatif relève donc de structures assez comparables à travers le temps. De 1994 à 2007, on retrouve toujours les mêmes procédés argumentatifs, dont la variation de la fréquence d'utilisation dans le discours dépend du locuteur. Un président pouvant plus ou moins se mettre en avant mais toujours proche des français, et toujours prêt, du moins à théorie à relever les défis portés par l'avenir. On a donc globalement, des discours trop optimistes sur l'avenir (peut être par tradition). On pourrait donc s'interroger sur les aspects cérémoniels portés par les voeux, et sur les façons dont le président va s'approprier son auditoire.

III- Etablissement d'une situation d'échange.

1- Les aspects rituels.

Avant toute chose, il faut dire que tout les discours de voeu présidentiel sont construits globalement autour d'un même caneva pour les trois présidents cités. Une première partie correspondant aux salutations du président au peuple français, une seconde dans laquelle il développe sa pensée, puis une troisième ou il expose ses voeux pour la nouvelle année aux français. Ainsi note-t-on parmi les premiers cooccurrents de nombreux verbes de circonstance (souhaiter, former, saluer, penser), des formules d’adresses. La thématique des vœux est représentée à travers des substantifs (vœux, année, soirée), à travers des adjectifs (heureux, bonne), mais aussi des verbes (adresser, présenter, échanger). Ce qui ne signifie pas que chaque président ne s'implique pas d'une façon personnelle dans la formulation de ces partie, dans leurs articulations. Parmi les thèmes abordés, une constante rituelle peut aussi être déterminée: telle que l'empathie (pour ceux qui souffrent), l'omniscience du président (qui sais...), et le rôle de la France dans le monde, souvent associer à celui de l'Europe.
En fait, l'on remarque pour les trois présidents que ce schéma est globalement respecté, mais que chacun va l'adapter à sa façon. Mitterrand va développer le thème de l'empathie dans une première partie. Ainsi l'on remarque dans ce sens, la co-présence du je avec des verbes exprimant le jugement, comme « je pense » (texte 1: ligne 10 ), « je trouve » (texte 1: ligne 12), affectifs et empathiques, liés à l’évènementiel. Tandis que Jacques Chirac va plus développer les enjeux et le rôle de la France dans le monde, d'ou l'utilisation importante d'un vocabulaire appartenant au registre économique et social ou des valeurs tel que: «dialogue social», «réforme», «chômage». Soit un vocabulaire des voeux tel que « adresser », « saluer », « penser » consensuels correspondant bien à la tradition des voeux présidentiels.
Bien qu'il n'y ait que peu de voeu chez Sarkozy, on y trouve cependant les marques formelles qui font de ce message une allocution de 31 décembre : notamment le signe en direction des français les plus défavorisés ou qui sont seuls, ou qui travaillent ce soir, à la différence que Sarkozy s’adresse directement à eux. Il ne s’agit plus de « ceux qui souffrent» (texte 1: ligne 65) comme pour Mitterrand, mais de « vous que la vie a éprouvé» (texte 3: ligne 16). On retrouve, tout comme pour Mitterrand, les verbes exprimant le jugement, dont on remarque qu'ils interviennent essentiellement dans des énoncés énumératifs: « Je pense à vous qui êtes obligés » (texte 3: ligne11), « Je pense aussi à vous qui êtes seuls » (texte 3: ligne14), plus généralement destinés à adresser un geste en direction des français les plus démunis ex: « Je pense à vous, que la vie a éprouvés » (texte 3: ligne 16). En réalité, même si la thématique est bien présente, il y a reformulation de cette thématique. Il y a aussi l’omniscience présidentielle un peu revue, là aussi mais toujours là, qui était chère à Chirac. Elle s’exprime par des emplois du verbe savoir au présent de l’indicatif :
• « Je sais les craintes que beaucoup d’entre vous éprouvent pour l’avenir de leurs enfants. » (texte 3: ligne 28)
• « Je sais combien est grande votre attente d’un changement profond » (texte 3: ligne 26 )
• « Je sais l’angoisse qui vous étreint quand vous avez peur de perdre votre emploi » (texte 3: ligne 29 )
• « Je sais votre exaspération quand vous voulez entreprendre ou quand vous voulez travailler davantage » (texte 3: ligne 32 )

• Les voeux de Sarkozy réduisent donc la part du rituel et du lexique des voeux tout en conservant les éléments incontournables, qui constituent l'ethos présidentiel: l'empathie, l'omniscience, le rôle de la France dans le monde, ainsi que le maintien des formules d'adresses. Sarkozy ne rompt pas totalement avec l’exercice mais le modernise, en intégrant par exemple des variations sur des thèmes qui existaient déjà chez ses prédécesseurs. Ex: la politique de « civilisation » (texte 3: ligne 87) (terme est reprit trois fois dans le discours), dans lequel on retrouve d'ailleurs le champ lexical des valeurs que l'on retrouvait auparavant disséminé dans les autres discours.

2- Implication personnelle du président et personnification du locuteur.

Le président se personnifie dans son discours dans la mesure où il entre en situation de communication avec l'auditoire français. Lexicalement, on voit que Mitterrand profite de son discours pour se rapprocher de son auditoire, et établir une relation de complicité en s'impliquant dans ce qu'il dit en s'adressant à lui plus ou moins artificiellement. Ainsi le pronom personnel « je », est cité six fois dans ce même paragraphe, mais on le voit aussi par l'utilisation de la première personne du pluriel avec « réservons » (texte 1: ligne 15), et la troisième personne du singulier à valeur englobante, dans l'expression « il est bon » (texte 1: ligne 12), le « il » donnant un sentiment d'inclusion, de même que la référence à la « communauté humaine » (texte 1: ligne 17), renvoyant à l'universel, ainsi que « notre » et « succés commun » (texte 1: ligne 11) donnant un sentiment d'unicité, bien qu'il ne fasse que parler des acteurs des événements. Une fois passé l'introduction, concernant ce défi, l'organisation logique semble plus erratique. Toujours dans une logique discursive dans laquelle le locuteur s'implique avec de multiple emploi du pronom « je », mêlant aspects pratiques et valeurs consensuelles telles que la « liberté » (texte 1: ligne 40) et l'« égalité » (texte 1: ligne 40) et le champ lexical qui lui rattaché comme l'équité, « équitable » (texte 1: ligne 28), inégalité « inégale » (texte 1: ligne 27). Puis dans un paragraphe suivant, le président apostrophe l'auditoire, par l'expression rituelle « mes chers compatriotes » (texte 1: ligne 37 ) (pour la seconde fois sur quatre) donnant une valeur solennelle à son appel; puis tour à tour vouvoie, (vouvoiement à valeurs de pluriel), pour les recommandations, puis semble l'inclure dans un « nous » et un « notre » généralisant, au sujet de l'Europe. Cette association nous/vous, permet à l'auditoire de s'identifier au locuteur et à la situation d'énonciation, ainsi que de le rendre actif, par l'emploi d'un verbe d'un nom qui l'accompagne dans la même phrase: « travail » pour le premier cas, « servir » pour le second, et « connaître » et « problèmes » pour le troisième. Le président ne fait donc pas ainsi qu'associer son auditoire à ses propos, il s'implique lui aussi, dans le registre des valeurs, sur un ton quasiment fraternel. Le terme est d'ailleurs employé au début du discours, identifiant au final comme personne (par rapport à la sienne) à part entière: la France, le peuple français, et l'auditoire qui en soi constituent en réalité la seconde entité, mais qui en est détaché de facto de celle-ci, par le contexte discursif direct «et plein d'espoir en vous» (texte 1: ligne 63 ).
Le discours de Jacques Chirac en 2006, est plus structuré et codifié de ce côté là. Moins ancré dans l'exemple, et plus structuré de façon conventionnelle. L'implication est un peu moins forte, ce qui se voit par la fréquence de l'emploi du «je» (quatorze pour contre une vingtaine pour Mitterrand), mais aussi par sa situation: souvent proche d'un connecteur logique en début de phrase, simple conjonction,conjonction de coordination ou bien préposition ex: «Et je», «depuis que j'ai», «Parce que j'aime» etc. Le ton employé est moins fraternel, ainsi l'expression «mes chers compatriotes» n'est citée que deux fois contre quatre pour Mitterrand, bien que plus collectif dans un autre sens. L'auditeur tien ici une place en retrait par rapport à la situation d'énonciation qui ne le touche qu'indirectement au travers des grands thèmes. Ceci selon une organisation anaphorique, et une construction syntaxique souvent parallèle, qui en répétant le même élément à intervalles plus ou moins réguliers, donne une cadence au discours et en favorise la mémorisation par l'auditeur ex: «je me bats» (texte 2: ligne 18), mais aussi «votre talent [...] votre travail» (texte 2 : ligne 22 ), «nos regards et nos comportements» (texte 2 : ligne 26 ). D'ailleurs cette figure de style, associée à l'énumération dans un discours rythmé par les différents paragraphes. A la différence du «je», le «nous» est beaucoup plus présent dans le second discours, avec l'adjectif possessif, «notre, nos». Mais c'est surtout la personnification marquée de la France, qui est représentatif de ce discours. Citée quinze fois, et associée à des valeurs humaines, et des termes mélioratifs, avec des adjectifs comme «forte» (texte 2: ligne 36 )et « belle » (texte 2 : ligne 36 ), elle tien seule la place à laquelle elle était associée avec le nous/vous inclusif du discours de Mitterrand. Tandis que précédemment le discours avait tendance à rendre actif l'auditoire, ce dernier à plutôt tendance à donner ce rôle à « la France » constituant de l'ethos présidentiel, c'est à dire au «il» ou plutôt «elle», en apparence impersonnel(le), renvoyant en fait au «nous» et à «nos, notre» collectif. A noter aussi que le « nous », pourrait (peut être) autant désigner les français qu'un cercle plus large ex: si nous réagissons pas. (il fait allusion à des phénomènes dont la causalité et les effets dépasse le champ national). Le «vous» est aussi présent, mais plus dans une optique plus rituelle, et donc plus présent au début et à la fin du discours, ce pronom donne un effet d'annonce au discours de Chirac (pour évoquer quelques généralités), plus qu'il n'inclu l'auditoire dans une dynamique active, mais plutôt de façon passive par l'utilisation du participe passé «vous sont confrontés» (texte 2: ligne 39). On a donc statistiquement un discours plus structuré par plus de connecteurs logiques, et de paragraphes, mais moins inclusif que le premier texte qui établissait un contact plus direct avec son auditoire . L'ethos de Chirac est donc généralement, plus un ethos de distanciation.
Le discours de Nicolas Sarkozy est beaucoup plus marqué statistiquement que les deux autres, par l'emploi de pronom personnel à la première personne: soit 48 occurrences, contre 20 pour Mitterrand et seulement 14 pour Chirac. Le ton est bien plus personnel que les précédents, et la valeur inclusive de l'auditoire, beaucoup plus prononcée. On peut énoncé ici, une rupture du genre ( à l'image de la campagne présidentielle). Le président est au centre du discours, et il semble établir un dialogue à titre personnel avec les français. D'ailleurs la façon de saluer en débuts du discours est assez significative à ce titre « françaises, français, mes chers compatriotes » ( texte 3: ligne 4 ). De la même façon que l'emploi du « je » et surreprésenté par rapport aux voeux précédents, le « nous » est surtout le « vous » (vous étant l'auditeur) tiennent aussi une place importante dans les propos du président. Mais le « nous » est beaucoup plus présent vers la fin du du discours dans les derniers paragraphes, tandis que le « vous » et un pendant de « je » établissant le jeu de l'échange linguistique. Un jeux, car plus que le discours de Jacques Chirac, celui de Sarkozy est structuré sur divers parallélismes fondés très souvent sur des anaphores et une forte proportion des verbes gravitant autour du référent-locuteur, verbes marquant la connaissance ex: « Je sais » qui est répété au moins quatre fois en début de phrases, verbes marquant la volition, le factif, ex: la répétition du verbe « faire », du verbe « vouloir », toujours à la première personne. Mais aussi par des antithèses par l'utilisation de verbes d’état et auxiliaires (suis, ai), ex: « Je ne leur ai pas demandé de se renier. Je leur ai » (texte : 3 ligne 58-59 ). Le rythme discours est donc très évocateur d'un président voulant montrer qu'il cherche avant tout l'efficacité du message. Ce dernier étant le reflet des propos tenus: « il ne s'agit pas de faire des discours [...] il s'agit d'agir pour obtenir des resultats » (texte 3: ligne 92-93). Un discours de la pratique, tourné vers les français: la forme voudrais est intimement liée au référent de l’interlocuteur, sur-employée chez les locuteurs qui précisément multiplient les marques énonciatives en direction des Français . Mais c'est aussi un discours de valeurs; et c'est en cela que l'on peut établir une continuité entre les trois discours. Des valeurs communes à vocation plus ou moins dans le but de convaincre autour du « nous » conciliateur, tout comme la fait Mitterrand et Chirac autour des valeurs humanistes et Républicaines « la liberté, l'humanisme, le respect, [...] la laïcité » (texte 2: ligne 33-34). La différence fondamentale exprimée porte sur les paraboles utilisés pout les exprimés.


Conclusion:

au vue de ces trois discours de la cérémonie des voeux présidentiels, nous pouvons déterminer trois ethos caractéristiques de ces discours.
Dans un premier lieu, on peut dire que l'ethos qui transparaît au travers du discours Mitterrand et un ethos d'empathie et de dramaturgie. L'utilisation répétée de termes en -ion en témoignent: tel que ambition, détermination, admiration etc. Dans un second lieu, il ne fait aucun doute que l'ethos caractéristique de Jacques Chirac lors de sa dernière cérémonie des voeux est un ethos de distanciation. Comparé aux deux autres discours, c'est celui ou le pronom « je/vous » est le moins usité. Préférant les formulations plus collectives, bien qu'il ne renie pas de tant à autre de montrer son engagement, dans la perspective toute rituelle de l'omniscience du président avec l'utilisation de verbes tels que connaître et savoir. Mais la formulation nous/nos/notre domine légèrement sur le fond. Finalement, le discours de Sarkozy, caractérisé par le suremploi de la première personne du singulier et de la deuxième du pluriel, marquant clairement un ethos 'egotisme. Le rituel épictique de la présentation des voeux, avec ses formules performatives stables et ses actes ritualisés inscrits dans le langage ordinaires a fusionné avec les discours de la précampagne électorale en plein cours, souvent beaucoup plus proches du genre délibératif. Les trois discours nous ont permis de mieux comprendre que plus qu'un rite, la cérémonie des voeux présidentielle constitu un exercice du genre au travers duquel chacun tente de toucher son auditoire selon son propre style. Et donner à son discours une ampleur, transcendant les clivages habituels du factuel et de la personne du président, d'ou la récurrence des aspects rituels: l'empathie, l'omniscience, le rôle de la France dans le monde, et les formules d'adresses. Globalement, en sortant des aspects rituels on s'aperçoit par la récurrence des termes employés, que les thèmes abordés sont récurrents, et aborder de la même façon. Seul le positionnement énonciatif et l'implication du président varient quelque peux. Toutefois on pressent bien une certaine distance entre le discours de Mitterrand, des deux autres. Beaucoup plus simplifiés, systématiques et efficaces par leurs figures d'insistance, tandis que le premier utilise plutôt la valeur de l'exemple. On peut donc dire en mode de conclusion, qu'il existe que trois clefs de lectures pour ce type discours que l'on peut retrouver au travers du lexique utilisé: les aspects conjoncturels: le contexte médiatico-politique, la situation du président au moment ou il parle, le positionnement énonciatif, et finalement au travers du positionnement énonciatif, la façon dont le locuteur va établir une situation d'échange avec son auditoire mêlant conjoncturel et structurel. Il est évident que cette analyse faite sur trois discours, sans outils lexico-graphique efficace, reste assez succincte et superficielle. Une étude systématique et sérielle, permettrait de relever plus précisément l'ethos de chaque président, voir même révéler la présence de sources différentes dans son discours, révéler les véritables ruptures, faisant la part du réel de l'effet d'annonce, comme ce fut le cas pour Nicolas Sarkozy.











































Annexes








Sources documentaires.

1-ouvrages

Utilisé pour l'analyse des figures de styles, des stratégies argumentatives:

- Marc BONHOMME, Les figures clés du discours, édition seuil, 1998, France, 92 pages.
- Jean-Louis CHISS, Jacques FILLIOLET, Dominique MAINGUENEA, Linguistique française, communication-syntaxe-poétique, édition Hachette Supérieur, 1994, France, 175 pages.
- Laure RAIZON, Argumenter démontrer convaincre délibérer, édition ellipse, 2003, France, 90 pages.

Utilisé pour l'introduction:

- Colloque de Cerisy, coordonnée par Jean-Eric AUBERT et José LANDRIEU, Vers des civilisations mondialisées? De l'éthologie à la prospective, éditions de l'aube, Quetigny, 2004. 400 pages (nombre à vérifier).

2-sites internet


2.1-corpus des voeux présidentiels

Discours de Mitterrand, disponible sur le site de discours vie publique. (il déconne un peu)

http://discours.vie-publique.fr/notices/957000200.html


Discours de Jacques Chirac (archive de l'Elysée):

http://www.elysee.fr/elysee/elysee.fr/francais_archives/interventions/discours_et_declarati
ons/2006/decembre/voeux_aux_francais_allocution_du_president_de_la_republique.
68961.html


Discours de Nicolas Sarkozy ( ambassade de France au Canada)

http://www.ambafrance-ca.org/spip.php?article2035



2.2 Utilisé pour l'analyse:


Une revue spécialisé sur internet a publié un article intéressant sur le positionnement énonciatif des voeux présidentiels:

Jean-Marc Leblanc et William Martinez, « Positionnements énonciatifs dans les vœux présidentiels sous la cinquième République », Corpus, Numéro 4, Les corpus politiques : objet, méthode et contenu - décembre 2005, 2005, [En ligne], mis en ligne le 1 septembre 2006.

URL: http://corpus.revues.org/document347.html



Textopol.

Institu (Université Paris12) de l'analyse critique des discours politiques, spécialisé dans l'analyse lexicométrique.



Dans ce site internet, j'ai téléchargé des articles sur le sujet au format PDF:

– Voeux présidentiels [Voeux] Jean-Marc Leblanc leblanc.jeanmarc@free.fr.


– ETUDE EN COURS La responsabilité éditoriale est-elle mesurable ? A propos de la campagne présidentielle 2007.
Pierre Fiala, fiala@univ-paris12.fr
Jean-MarcLeblanc, jmleblanc@univfcomte.fr

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