jeudi 18 septembre 2008

Fiche de lecture croisée: Isaac et Malet, arthur Conte, J.P Diry


Fiche de lecture croisée:
Doc 1: Introduction. Les sciences, le machinisme et la transformation économique P1 à 46 dans Jules ISAAC et Albert MALET avec la collaboration de M. André ALBA, Histoire contemporaine depuis le milieu du XIXéme siècle. Classe de philosophie-Mathématiques. Librairie Hachette. Paris 1930.
Doc 2: Les Mutations d'aujourd'hui, Arthure CONTE dans Le grand livre de la France par Jean CAZENEUVE, Suzanne CHANTAL, Hubert COMTE, Arthure CONTE, Jacques DUPAQUIER, Jacques GODECHOT, Philippe MASSON, Claude METTRA, Xavier MONTCLOS, Philippe et Geneviéve PINCHEMEL, René SEDILLOT P288 à 309.
Doc 3:Jean Paul DIRY. Chapitre 4 Les mutations agricoles dans les pays développés P63 à 68 dans Les espaces ruraux. Armand Colin. Paris 2004.

SOMMAIRE

Introduction.
P2
I/ Résumé
P2
II/ Intérêts historiographiques de chaque auteur
P9
III/ Critiques
P10
Annexes
P12

Introduction: Ce corpus documentaire est constitué de trois textes tirés d'ouvrages contemporains classé chronologiquement. Le premier est un chapitre introductif d'un manuel d'histoire contemporain d'Isaac et Malet des années 1930 destinés aux classes (de lycée) de philosophie et mathématique. Quoi que hors programme l'auteur (Isaac) a insisté pour rajouter ce chapitre pour mieux comprendre la période qu'il a voulu traité comme trame de fond de compréhension des évenemments qui se sont produits. Le second texte est extrait d'un un ouvrage général sur la France destiné à un grand publique (dans la collection France Loisir) co écrit avec plusieurs auteurs dans le cours des années 80 (1986). L'article résumé traitant des mutations d'aujourd'hui d'une façon pittoresque, rédigé par Arthure Conte ancien ministre et président général de l'ORTF en 1972-3 et producteur pour FR3 d'une émission d'histoire et auteur de plusieurs ouvrages d'histoires s'interrogeant sur le XX ème siècle (ex: Lénine et Staline, les président de la Vème République). Le dernier résumé est extrait d'un ouvrage d'un géographe professeur à l'université Blaise Pascal à Clermont Ferrand II, J.P Diry sur les espaces ruraux d'un chapitre sur les mutations agricoles dans les pays développés(2004). Ce corpus constitue une suite logique dans une dialectique historique portant sur les changements sociaux économiques provoqué par le progrès, qui est toujours autant d'actualité. Ainsi on peut s'interroger sur les évolutions de ces perspectives des mutations et changements exposés et les leçons à en tirer? En quoi leur exposé est il révélateur d'une façon de penser ainsi que d'une époque particulière (dont il faut savoir se méfier)? Le plan d'explication se compose de trois parties. La première est un résumé de chacun de ces texte, la seconde est une partie expliquant l'apport historiographique de chaque auteur au travers de leurs idées. La troisième est une partie critique de chacun des auteur. En tentant d'en percer leur intérêts et d'en tirer les a priori...

I/ Résumé

Le premier document doit être compris en fonction des orientations philosophiques et politiques de son auteur, J. Isaac qui avoue dans l'avertissement avoir rajouter ce chapitre dans le programme aidé de Edmond Bauer pour les questions scientifiques.
Doc 1:
Depuis le milieu du XIX ème siècle jusqu'à nos jours, on ne compte guère que quatre vingt ans (une vie d'homme), peu de chose par rapport à l'ensemble des temps historiques, cinq mille ans environ. Pourtant en cette courte période, il y a eu plus de changements qu'auparavant en plusieurs millénaires. La rapidité croissante des transformations , tel est le caractère essentiel de l'époque contemporaine. Ainsi la science a par ses progrès rapides modifié le cour de l'évolution économique d'abord et par contre coup celui de l'évolution politique et sociale.

A/ Le progrès scientifique.

On a perfectionner l'organisation du travail scientifique, développé l'enseignement, accroissant ainsi le personnel scientifique, des laboratoires des recherches et de la production scientifique. L'extension de la production a engendré à son tour une spécialisation croissante, une division du travail poussée à l'extrême. Le corollaire de tout cela, c'est que l'âge des esprits universels et clos. Chaque travailleur tend à se cantonner dans une partie de la science. Pour y remédier il a fallu développer par tous les moyens la coopération scientifique nationale et internationale, mais on y est arrivé qu'imparfaitement.
Le développement des laboratoires a eu pour conséquence le développement de la méthode expérimentale qui grace à un outillage perfectionné a pu être formulé en langage mathématique. C'est donc logiquement qu'elle se conjugue avec la méthode mathématique. Ces deux ont été fécondés par les hypothéses théoriques dont elles procédent ou suggèrent. Ainsi se développe les sciences physiques ainsi que la chimie biologique. Ces avancés allant de la thermodynamique à l'invention du téléphone. Voici une catégorisation parmis les plus importantes avancées notées dans l'ouvrage:
Evolution de la physique: avec l'analyse spectrale, l'électromagnétique, électrique et radioactif jusqu'à la théorie de la relativité de Einstein.
Chimie minérale et organique: On note que les barrières qui séparent alors physique et chimie tombent. Avec la synthèse organique, la notation atomique des éléments chimiques. Les progrès en chimie ont permis de développer l'industrie chimique de l'utilisation civile à militaire (ex:gaz asphyxiant).
Chimie biologique et physiologie expérimentale.
La naissance de la microbiologie avec Pasteur.
Les recherches sur les maladies contagieuses avec la naissances des vaccins contre la rage et le charbon.
La naissance d'une médecine aseptisé et d'une hygiène sociale.
Les théories darwiniennes.
Le développement des connaissances de la terre.

B/ Le machinisme et la civilisation scientifique.

Grâce aux progrès des sciences, la civilisation est en voie de se transformer et devenir essentiellement scientifique. Celle ci se caractérise en premier lieu par l'abondance croissante des sources d'énergie mises par la science à la disposition du travail humain. Les trois inventions capitales étant la machine à vapeur, la dynamo électrique et du moteur à explosion.
Mais aussi par des nouvelles techniques industrielles avec la machine outils, le marteau pilon, le Linotype etc. Des nouvelles techniques agricoles comme la machine à battre sur un plan mécanique, et l'utilisation des engrais chimiques permettant d'augmenter le rendement beaucoup plus élevé que par le passé. Mais le monde agricole s'est transformé plus lentement que l'industrie à cause de la méfiance des paysans vis à vis de toute nouveauté...
Au niveau des moyens de communication et de transport se caractérisant par les inventions successive des bateaux à vapeur, des chemins de fer, télégraphe, téléphone automobile, des avions, de la télégraphie et de la téléphonie sans fil.

C/ La révolution économique.

Les progrès rapides du machinisme, les multiplications des sciences de l'industrie, à l'agriculture aux moyens de communication, ont eu pour conséquence directe la transformation de la vie économique, des conditions de production et d'échanges. Ceci notamment au niveau de:la grande industrie, l'agriculture moderne, le grand commerce se caractérisant par l'accroissement de la monnaie, l'importance du crédit, les sociétés par actions et le commerce des capitaux dans des bourses nationales voir internationales.
Les conséquences générales de ces phénomènes sont considérables:
-Les conditions matérielles de la vie ont changés.
-La séparation qu'il existe entre la bourgeoisie et le peuple a diminué.
- Il y a eu un accroissement rapide de la population, les villes se développant au détriment des campagnes avec la constitution dans les villes de classes de plus en plus nombreuse d'ouvriers et d' employés salariés.
- Le développement du régime démocratique et des idées socialistes.
- Les transformations économiques ont modifiés profondément les relations internationales. La rivalité commerciale s'ajoutant aux anciennes rivalités politiques. De même que la multiplication des liens entre pays même éloignés les rendant plus solidaire les uns aux autres. Se manifestant aussi par le développement des institutions internationales ex: Bureau internationale et Union postale. La vie politique internationale se trouvant influencé tour à tour par ces deux tendances contraires: concurrence et solidarité.

Doc 2:

Une autre vision du monde se compose un peu plus d'un demi siècle plus tard. Plus pessimiste et nostalgique, elle reste pourtant toujours ancré dans l'imaginaire et l'espoir d'une vie meilleur. Mais le recul est désormais suffisant pour avoir une vue d'ensemble des changements qui se sont produits.
Il ne faut toutefois pas trop s'y fier. Car Arthure Conte qui est à la fois journaliste et historien, a tendance à s'emporter dans un certain lyrisme: celle d'une France conquérante et dominante !
La disparition du cheval constitue l'une des plus importantes et des plus saisissantes révolution du XX ème siècle. Car le cheval est indissociable de l'histoire de France du Moyen Age au début de la guerre de 1914. Celle ci s'est faite progressivement au cour du XX ème siècle depuis l'apparition des chemins de fer jusqu'au développement de l'automobile. Ainsi des 1950, le cheval a totalement disparu. Non seulement des villes mais aussi du village lui même. L'homme perd un ami de cinq mille ans. Mais perdant le cheval, l'homme perd aussi le pas du cheval. C'est la fin de la civilisation patiente.

A/ La France d'hier à aujourd'hui.

Quoi de plus symbolique pour l'entrer de la civilisation du nouveau siècle (par opposition au cheval) que La-Jamais-Contente, du nom du bolide de Jenatzy qui a franchi le cap des 100 km/heure en 1899. Cette course folle continu sans arrêt en passant par le mur du son jusqu'à la vitesse des fusés aujourd'hui (50000 km/heure). Ce qui présuppose l'existence de l'ordinateur qui manipule des donnés de plus en plus complexe, manipulant jusqu'au savoir! L'ordinateur est-il donc le nouveau cheval de l'homme ou l'inverse?
Pour bien comprendre cette rupture qui s'est effectuée ce dernier siècle il est utile de mettre face à face le village d'hier et d'aujourd'hui:
Le village d'hier (début XXème siècle) est rythmé par le départ des hommes au travail le matin vers les chantiers, puis le village retombe dans le silence sous les coups du clocher sonnant chaque quart d'heure, les femmes s'occupant du foyer et des besoins de la basse cour. Voir même dans les champs ou à la vigne. Les conditions sont frugales et tout se fait à la main. On vit en tribu, plusieurs génération s'associant autour d'un même foyer. Ainsi qu'au niveau du village qui vit en vase clot. On vit ensemble ex: les fêtes du village, et on meurt ensemble,ex: les veillers. Seuls progrès et modernismes du siècle, coopérative vinicole et l'équipe de rugby. On vit à un rythme très lent et ordonné voir ordonnancé. On évite la ville, lieu de perdition et toutes les joies sont sur places.
Autour de 1960, en quelques années un tout autre village va remplacer ce dernier. Par l'arrivé du moteur qui chasse l'animal et l'arrivé de la chimie (engrais, pesticides). On regroupe les terres pour normaliser l'adaptation des moyens et les rendements. C'est l'apparition de nouvelles notions jusque la inconnues qui vont transformer le travail du paysan ainsi que lui imposer des certitudes qui mettent en cause sa propre certitude millénaire. L'arrivé de nouveaux outils rend l'avancé irrémédiable cela va du tracteur perfectionné au satellite lancé pour évaluer la terre. Les débouchés se multiplient et certaines régions comme la Picardie prospèrent dans l'agro-alimentaire et s'exportent dans le monde entier. L'avenir dira t'on qu'en est t'il? (on est en 1980, je rappel) Ce sont les robots qui vont remplacer peux à peux les travaux humains. Cela allant du tracteur à la moissonneuse batteuse. Avant l'an 2000, culture fruitières et vignobles de France doivent connaître une automatisation totale. Car il faudra nourrir 6 milliard d'êtres humains. C'est une toute nouvelle agriculture qui s'installe.
La technique amène aussi avec elle tout un lot de changement au niveau du village en lui même. Notamment au niveau de l'équipement des foyers qui s'accélére. Mais l'exploitation familiale ne se transmet plus de père en fils se dernier préférant se faire postier, instituteur ou médecin... Il émigre pour la ville. En 1985 la population rurale ne représente plus que 6% de la population totale. De plus l'organisation traditionnelle au sein de l'exploitation agricole se transforme de même que l'autorité morale du chef de famille. Henri Mendras prévoit la fin des paysans bien qu'il constate un certain renouveau du monde rural. Il reste que souvent le village ne se repeuple que par le trop plein des villes. Faute d'agriculteur le village paysan a cessé d'être.

B/ Une France moderne et pionnière

L'ouverture de la France se fait dans les domaines les plus divers. Notamment dans le domaine du sport qui de Maurice Barrès à Mitterand a beaucoup évolué est a prit une importance considérable tant sur le plan des performances dans des sports de hauts niveaux que dans l'organisation de compétitions nationales voir internationales et de la démocratisation de la pratique sportive. Il y a aussi la France européenne dans laquelle elle est pionnière de 6 pays en 1958 à 12 pays en 1985. Elle connaît des difficultés que se soit dans le domaine économiques que politiques. Une autre révolution dans laquelle la France est pionnière c'est l'industrie informationnelle concernant 45/100 de la population active en 1985. Mais aussi la France qui vit à l'heure du nucléaire. Celle ci étant considéré comme la première du monde pour les qualités de ses technologies.
Partout la France construit et s'exporte. On le voit dans les chantiers français à travers le monde ex: la centrale électrique du Machu Pichu, le chemin de fer de Sao Paulo etc... Avec de nombreux contrats signés pour l'étranger dans tout les secteurs: sidérurgie, automobile, pétrochimie, chimie, infrastructure, électricité. Les années 80 sont aussi ce qu'on appel le nouvel âge des dinosaures avec la volonté de construire grand et beau à l'image du Queen Mary ceci se voit au niveau de la construction navale (le Phoenix), l'aviation ex:le concorde et Airbus et le Mirage 4000.

C/Néos et Rétros: de variantes d'un même temps.

Tout semble aux néos. L'ultranouveauté est partout. Dans les domaines le plus divers. Notamment dans l'architecture dont Beaubourg qui a été une réussite enregistrant sept millions de visiteurs par an.On a aussi la pyramide du Louvre en verre. Mais c'est aussi un phénomène de société par le langage. Non seulement on a à décrypter les nouveaux romanciers et les nouveaux philosophe mais aussi les nouveaux orateurs. Tant pis comme si comme le dis Pierre Daninos, on va attraper «la grippe verbale». Les années 50 voient triompher le hippie, les années 60 les skinheads, les années 70, les punks et les années 80 les ska, rock steady . Coquetterie: oublier le chômage dont il y a trop à souffrir.
Le rétro par opposition au néo c'est le retour vers le passé. C'est ce qu'il y a de plus typique dans nos sociétés du XXème siècle: un voisinage permanent entre scène préservés du XIX éme siècle et scènes annonciatrices du XXI ème. A la recherche du temps perdu, voilà sans doute le titre qui pourrait le mieux convenir à cette France d'une part impatiente, en son propre nom ou au nom de l'Europe libre, d'autre part au fond de son âme, sans doute prise de vertige face à des défis trop hallucinants, appelant sans cesse à elle les images et les chansons d'un passé trop vite effacé.

Doc 3:

Cet extrait résumé vient compléter les précédents d'un point de vu chronologique et ouvre des problématiques contemporaines en rapport directe avec les espaces ruraux et leurs mutations face aux progrès de la science et une société libérale qui se remet désormais en question. Un peu en réponse à Arthure Conte, une vingtaine d'années plus tard. Il n'y a pas d'orientation historiographique à en tirer, car cet extrait est tiré d'un ouvrage d'un géographe. Cet extrait quoique succinct est nécessaire pour conclure cette thématique.

A/La question économique et environnementale.

Le succès du modèle adopté par les pays développés semble éclatant. Jamais la maîtrise technique n'a été aussi poussée et jamais les campagnes n'ont fourni autant de nourriture. Pourtant de nombreuses voix s'élèvent pour dénoncer un système débouchant sur une impasse.
Saturation des marchés agricole aboutissant à de véritables guerres commerciales. Politique dont les agriculteurs n'ont pas profité. Et entraînant des crises de surproduction d'où la politique des quotas. Les solutions envisagées sont de deux ordre:
-Ouvrir totalement le marché et abolir tout protectionnisme qui risquerait d'avoir outre la baisse des prix des conséquences catastrophique pour les exploitants.
L'autre plus sociale en bloquant la production des Etats à un certain niveau et par des aides directes par les Etats.
La naissance de l'idée «d'un patrimoine naturel» dans les années 70. Le mythe agrarien s'est effondré et on fait du paysan un pollueur comme les autres. A différents niveaux:
Destruction et érosion des sols.
Epuisement progressif des nappes phréatiques.
Perte d'un patrimoine génétique par l'abandon de nombreuses races.
Destruction brutale des paysages agraires.
On a aussi en fond des problème sanitaire liée à la mondialisation à la course aux rendements se traduisant par l'apparition de nouvelles maladie comme «la vache folle» ou des craintes (OGM).

B/Les modèles alternatifs.

On est en face d'un problème: il faut concilier une agriculture compétitive mais respectueuse des hommes et de l'environnement. C'est «l'agriculture durable», il faut l'espace en conservant les paysages. Les pertes financières étant compensés par des subventions de l'Etat ou collectivité locales. Pour atteindre ce but plusieurs voies possibles:
Protection des espaces ruraux
Aide aux exploitants qui respectent l'environnement
Encouragement à la diversification des exploitations agricoles
Recherche de la qualité. Notion de terroir les AOC etc...
On peut s'interroger sur la nature de ces tendances: anti productiviste ou dualiste (notamment dans le domaine de l'environnement)? Avec une agriculture à deux vitesses.

II/ Interets historiographiques des auteurs

Dans ce corpus de texte réuni sous la même thématique, on a trois auteurs que tout sépare. Chacun a sa personnalité et a choisi une façon différente de traité le sujet en fonction de son époque, ses influences idéologique, sa formation, sa spécialisation etc. D'où le choix qui a été fait
Le 1er auteur est J. Isaac (1877-1963), plus que Malet traditionnellement associé à ce dernier, qu'il faut voir. Son apport se fait notamment dans la rédaction de manuels scolaires pour le primaire et le supérieure dans la collection Mallet. Isaac dans son travail estime que le rôle de l'historien est d'écrire des manuels justes et de militer pour la paix. D'ailleurs, il utilise largement la méthode des deux points de vue pour expliquer le conflit de 1870. En 1936, Jules Isaac est nommé inspecteur général de l'Instruction publique ; il est alors à la tête, depuis 1923, de la collection de manuels d'histoire "Malet-Isaac" , dont le succès doit beaucoup à ses qualités pédagogiques nouvelles : mise en valeur des faits sociaux, économiques et culturels, rigueur et clarté de la présentation... Il s'attache à rendre clair l’enchevêtrement des événements, mettre à la disposition des élèves des textes pour qu’ils soient en contact avec les "sources" et qu’ils apprennent à les lire, afin de fixer dans leur mémoire les grandes scènes historiques et les portraits de leurs acteurs par la reproduction de tableaux. Fidèle à la tradition républicaine de la gauche, membre de la Ligue des droits de l'homme et du citoyen, puis du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, il s'engage parallèlement en faveur d'une meilleure compréhension entre Français et Allemands, militant en particulier pour une révision des manuels scolaires richement illustrés. Il a aussi beaucoup travaillé dans les relations judéo chrétienne dans la seconde partie de sa vie. On se souviendra qu' il a ainsi contribué à la formation civique et citoyenne de plusieurs générations d’élèves. Entre 1920 et 1960.
Arthure Conte (1920) est licencié des lettres et diplômé d'études supérieures classiques, à Montpellier, mais c'est aussi un journaliste et un homme politique. En tant que journaliste il collabore au quotidien de Paris, à Paris Match, au Figaro, à France Soir et à Jours de France. Il est également producteur pour FR3 de la série de télévision Histoire de France. En tant qu'homme politique, on notera ses orientations politiques: d'abord député SFIO dans les Pyrénées Orientales (1951-1962), il devient député de l'UDR par la suite. Des faits qu'il faut prendre en compte pour mieux comprendre son oeuvre en tant qu'historien. En effet on remarque dans ses écrits beaucoup d'ouvrages s'apparentent à des chroniques notamment sa série sur les 1er janvier de l'histoire ainsi que ses épopées comme L'épopée des chemins de fer français, L'épopée coloniale de la France. C'est aussi un biographe qui s'est intéressé aux hommes importants de son temps (en fonction de ses centres d'intérêt il faut bien le dire): Karl Marx-Yatrides et en politique les 1er ministres de la V République. On peut ainsi le rattacher à la catégorie des historien romancier sur le modèle de Jean Giono et son récit sur la bataille de Pavie dans la collection les trente jours qui ont fait l'histoire...
Le dernier auteur n'est pas un historien! Paul Diry est un géographe spécialisé dans les question du monde rural et professeur de géographie au Ceramac à Clermont Ferrand . Spécialisé sur la question des campagnes dans les pays développés, son dernier ouvrage paru est Campagne d'Europe à la documentation française , il participe à de nombreux colloques sur le sujet. Ses travaux sont toujours en cours.

III/Critiques

Le choix de ces articles n'est pas inopiné. Ils ont été choisi en fonction d'une vision singulière et évolutive d'une image du changement à des époques charnières de l'histoire tout d'abord dans l'entre deux guerre, puis à la fin du XXème siècle et finalement, aujourd'hui. Et selon l'optique du «progrès». Le progrès scientifique à la base de tout les changements sociaux contemporain! Cette vision comportant néanmoins beaucoup de problèmes notamment par le fait que ce progrès est lui même issu de changements sociaux... On a ici une évolution de la perspective du progrès au travers des deux premiers textes. Le premier est une vision positiviste du progrès: «Grâce aux progrès des sciences la civilisation est en voie de se transformer est devenir essentiellement scientifique», perçu notamment en terme d'amélioration des conditions de vie et de l'économie au niveau de la démocratisation des modes de vies sur fond d'idéal socialiste (lié aux idéaux de Isaac). Ainsi que le développement des relations internationales tant sur le plan politique qu'économique. Tandis que le second texte est quelque peux plus nuancé sur ses propos. Les progrès scientifiques ont fait perdre aux homme «le pas du cheval» qui est devenu pressant. Dans les villages les paysans ont disparus, remplacés par des robots, véritable révolution agricole qui transforme le métier de paysan en celui d'un exploitant agricole, les valeurs se perdent de même qu'une conception millénaire d'un mode de vie. Peu importe,selon Arthure Conte car l'agro alimentaire se développe et de nombreuses région comme la Picardie qui s'est adapté au progrès. A cette vision se sur impose une autre, plus celle d'un journaliste que d'un historien. Celle d'une France pionnière dans tout les domaines notamment de pointe, une France technicienne qui s'exporte partout dans le monde et qui sait construire de belles choses «bateaux, avions, ponts, barrages». Reflet d’une vision gaulliste de la France ( il a été député de l’UDR dans les Pyrénées Orientale). C'est aussi une France tourné vers le néos, mais aussi vers le rétro. Car tout est allé trop vite... Vision trop simpliste et mal agencée qui reflète une France d'Epinal à l'image de tout l'ouvrage ( soi disant passant)! Dommage car cette vision s'ajoute à une précédente beaucoup plus clairvoyante et mieux structuré.. D'où l'ajout du troisième extrait quoique court, qui nous permet d'ouvrir des perspectives sur des problématiques actuelles, d'un développement qui se dit alternatif est tourné vers « l'environnement ».

Conclusion:
Cette vision des changements sociaux est assez critiquable car éludant des problèmes de fond, mais elle reflète une réalité assez concrète dans le monde contemporain. La science permet des progrès et donne de nouvelles perspectives. Mais elle est aussi une construction idéologique, voir même une croyance (ex: le scientisme). Au service d'une philosophie du monde issu des idées positivistes et d'une conception libérale d'une économie de marché qui est entrain d'atteindre ses limites. Dans le cas d'Arthure Conte on peut aussi y reconnaître un certain nationalisme quelque peu exacerbé sur sa propre idée de la France. Le troisième document en est assez révélateur, serait t'on entrain de retourner sur nos pas? Ou n'est ce encore qu'une nouvelle tactique destiné à ouvrir de nouveaux marchés...

ANNEXES

Extraits représentatifs de chaque texte.
Doc 1:
[ En apostille: Conséquences générales]
Plus on avance dans l'histoire contemporaine, plus on aperçoit l'importance de cette révolution à la fois scientifique et économique, la multiplicité de ses répercussions aussi bien dans l'ordre politique et social que dans les moeurs et l'aspect extérieur de la civilisation. Les conséquences les plus générales ont été les suivantes.
Les conditions matérielles de la vie ont changé dans toute les classes de la société. L'accroissement formidable de la production a entraîné un accroissement non moins formidable de la consommation. Un certain nombre de produits dont l'usage n'étais autrefois permis qu'à une minorité riche ont été mis à la portée du plus grand nombre: par exemple des aliments tels que le café, le chocolat et le sucre; l'éclairage au gaz et l'électricité, les livres, les journaux, les vêtements de drap, etc. L'existence de certaines catégories d'ouvriers est aujourd'hui plus large que celle de nombreux bourgeois vers 1830. Au point de vue des moeurs, la séparation qui existait entre la bourgeoisie et le peuple a diminué.
Il y a eu un accroissement rapide de la population. En Europe où elle était évaluée vers 1850 à 260 millions d'habitants environ, elle dépasse aujourd'hui 460 millions. Dans le même temps, la population des Etats-Unis est passée de 23 à 115 millions d'habitants. Par suite du développement de la grande industrie, ce sont les villes surtout qui se sont développées au détriment de la population rurale. Il s'est constitué dans les grandes villes une classe de plus en plus nombreuse d'ouvriers et d'employés salariés. Grâce au développement de l'imprimerie, ces masses populaires, renseignées par la presse à bon marché, se sont mêlées à la vie politique; elles se sont groupées en associations puissantes, ont fait pression sur les pouvoirs publics. Ainsi les transformations économiques ont eu partout pour conséquence le développement du régime démocratique et des idées socialistes.
Enfin les transformations économiques ont modifié profondément les relations internationales. D'une part elles ont accru le nombre des peuples producteurs et développé ainsi l'esprit de concurrence; aux anciennes rivalités politiques se sont ajoutées les rivalités commerciales; les grandes puissances industrielles, pour s'assurer des marchés privilégiés, se sont hâtées d'étendre leur domaine colonial et se sont disputé tous les territoires vacants dans le monde. D'autre part les transformations économiques ont crée entre tous les pays, même les plus éloignés, des liens multiples qui les rendent de plus en plus étroitement solidaires les uns des autres. La solidarité économique entre toutes les nations s'est manifestée par le développement des institutions internationales, Union postale, Union télégraphique universelle, Bureau international de poids et mesures, conférences et congrès internationaux de toutes sortes. La vie politique internationale s'est trouvé influencée tour à tour par ces deux tendances contraires: concurrence et solidarité.
P44-45.

Doc 2:
«Village d'hier
Pour mieux marquer l'évidence que ce siècle est un siècle de carrefour, ou bien plutôt une époque de rupture, qui fixe un fossé entre les millénaires, sans doute faut-il mettre face à face un village d'hier et un village d'aujourd'hui, déjà préfiguration du village de demain et d'après-demain.
Prenons une localité, par exemple Salses, dans les Pyrénées-Orientales, en Roussillon, sur la frontière du Languedoc, 2000 ans et 2000 habitants. Dans la première moitié du XXe siècle, il reste tel, au fond, que le virent dix siècles. Il se réveille au chant du coq. Aussitôt, il peut entendre aussi le martèlement des sabots des chevaux qu'on conduit à l'abreuvoir. Il est de règle d'y pourvoir dès l'aube. Seuls quelques hennissements donnent du clairon sur ce fond de roulement de tambour. Les hommes fabriquent entre leurs doigts leur première cigarette, à tabac de paquet gris, dans du fin papier Job, et toussent. Puis la caravane des charrettes s'ébranle vers les chantiers. Il fait encore nuit, mais au pas lent du percheron ou du Baudet du Poitou, il faudra bien une heure avant que le laboureur soit sur le terroir à travailler.[...] »
P291

« L'invasion des intrus
En quelques années, autour de 1960, un tout autre village, non sans brutalité, va chasser celui-là. D'abord le travail change. Fin du laboureur silencieux et méditatif, tenant d'un poignet solide le manche de la charrue que tire ce brave sultan ou ce si obéissant Bijou, appliqué à tracer un sillon impeccable, dont tout le village admire la rectitude. Le moteur chasse l'animal. Le tracteur a vite fait d'imposer la dictature de la mécanique- au point que le maréchal-ferrant doit aussi rapidement se transformer en mécanicien. Le camion remplace le chariot pour transporter les comportes de raisin depuis la vigne jusqu'à la cave coopérative. C'est la camionnette, et non plus l'âne ou l'ânesse, telle si docile Coquette et telle trop entêtée Mélanie, qui transporte les équipes du village jusqu'aux lieux du travail. Plus le progrès se fait exigeant, plus le paysan doit se transformer en chimiste, pour reconnaître le meilleur engrais, ou le plus efficace insecticide ou la plus rapide formule contre le mildiou, l'odïum ou la cochylis. On en vient à regrouper les terres, depuis toujours si morcelées, pour mieux « normaliser » l'adaptation des moyens et les rendements. De nouvelles notions, jusqu'ici carrément inconnues, interviennent: la rentabilité, l'amortissement, la productivité, le plan comptable.[...] »
P293

Do c 3:
La question économique
La prodigieuse croissance de l'offre a été absorbée par la demande interne (accroissement démographique et hausse du niveau de vie), ou expédiée vers les pays déficitaires du Tiers Monde ou du camp socialiste. Toutefois, peu à peu, des signes de saturation de la demande se sont manifestés, surtout à partir de la fin des années 1970: stagnation ou faible augmentation du nombre d'habitants dans les pays riches, ressources monétaires des ménages allant vers les loisirs plus que vers l'alimentation, difficultés des grands pays exportateurs pour trouver des marchés, d'où une concurrence de plus en plus vive, aboutissant à une véritable guerre commerciale (ainsi entre les Etats Unis et l'Union Européenne dans les années 1980). Les politiques de soutien de prix sont alors devenues insupportables pour les Etats, le citoyen étant appelé à un double financement: cours élevés de denrées agricoles pénalisant le consommateur et encourageant à la constitution des stocks et aux ventes extérieures à pertes, le contribuable étant alors sollicité. A titre d'exemple, le budget européen consacré aux soutiens des exploitations agricoles est passé de 5 milliards d'écus en 1974 à plus de 40 en 1997.
Paradoxalement, en dépit des prix maintenus artificiellement élevées par la volonté des Etats, les revenus des agriculteurs n'ont guère profité de la situation: à partir des années 1970, l'accroissement du coût des intrants liés aux chocs pétroliers, alors que les prix de vente se stabilisaient, ont réduit les marges des exploitations qui ont tenté de tourner la difficulté en produisant toujours d'avantage, cette fuite en aggravant la crise de surproduction.
P63

Fiche de lecture: référence bibliographiques

Doc 1: Introduction. Les sciences, le machinisme et la transformation économique P1 à 46 dans Jules ISAAC et Albert MALET avec la collaboration de M. André ALBA, Histoire contemporaine depuis le milieu du XIXéme siècle. Classe de philosophie-Mathématiques. Librairie Hachette. Paris 1930.
Doc 2: Les Mutations d'aujourd'hui, Arthure CONTE dans Le grand livre de la France par Jean CAZENEUVE, Suzanne CHANTAL, Hubert COMTE, Arthure CONTE, Jacques DUPAQUIER, Jacques GODECHOT, Philippe MASSON, Claude METTRA, Xavier MONTCLOS, Philippe et Geneviéve PINCHEMEL, René SEDILLOT P288 à 309.
Doc 3:Jean Paul DIRY. Chapitre 4 Les mutations agricoles dans les pays développés P63 à 68 dans Les espaces ruraux. Armand Colin. Paris 2004.
Sites internet:

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